Réalisé par Richie Mehta. Canada/Inde. Drame. 1h36 (Sortie le 27 août 2014). Avec Tannishtha Chatterjee, Rajesh Tailang, Anurag Arora, Geeta Agrawal Sharma et Irrfan Khan.
Le succès mérité de "The Lunchbox" de Ritesh Batra a prouvé que le cinéma indien pouvait s'exporter au risque, peut-être, de susciter un cinéma spécifique pour l'exportation.
"Siddharth", production canadienne, avec pour directeur de la photo, Bob Gundu, qui a travaillé sur Harry Potter et Superman, et pour compositeur, Andrew Lockington, habitué des productions hollywoodiennes, encourt cette critique.
Si l'on n'est pas sensible au charme du film, on pourra n'y voir qu'une carte postale ou un reportage sur beau papier glacé enrobé de clichés indiens.
Les villes grouillent de leurs milliers d'habitants affairés, les Indiens sont fatalistes ou sèchement individualistes, les contrastes explosent dans chaque plan entre misère et beauté...
Certes, on peut reprocher à Richie Mehta de ne pas faire œuvre de réalisme en ne filmant jamais quelque chose ou quelqu'un qui ferait tache dans son joli décor indien. Ainsi, tous les enfants, même censés vivre dans la pauvreté, paraissent sortir d'un catalogue de mode.
Mais ces réserves sont vénielles car "Siddharth" est d'abord, et de bout en bout, un suspense poignant. Personne ne sera insensible à la déambulation désespérée de Mahenda, le réparateur de fermetures éclairs, à la recherche de son fils disparu.
Pour améliorer le sort de sa petite famille, il a envoyé Siddharth, 12 ans, travailler à Mumbaï et celui-ci ne donne plus signe de vie. A-t-il fui l'atelier ou a-t-il été enlevé par des prédateurs pédophiles ou des gens prêts à l'estropier pour en faire un mendiant ?
S'ensuit un "road-movie" où l'on accompagnera, pas à pas, Mahenda dans son enquête. Acteur de théâtre au jeu mininaliste, Rajesh Tailang compose un personnage douloureux, dévoré par le remords d'avoir envoyé son fils vers un danger terrible, un personnage taiseux qui ne s'épanche pas sur son malheur et qui sait le transcender pour ne jamais renoncer.
Pour survivre dans sa quête, Mahendra pratique son petit métier permettant à Richie Mehta d'enchaîner les saynètes qui donnent de la consistance à son film.
Chercher un être cher perdu parmi un milliard d'hommes, c'est un pari fou et l'on aimerait bien, au-delà de toute vraisemblanche, que Mahendra y parvienne.
"Siddharth" de Richie Mehta illustre brillamment les mouvements contradictoires d'un pays qui change à grande vitesse. Il faut un drame comme celui que vit Mahendra et sa petite famille pour que celle-ci évolue hors du conformisme social et se recompose pour tenter une vie meilleure. |