Si vous aimez les road trips (littéraires bien sûr) à travers les routes les plus inhospitalières et les plus sidérantes du sud du monde où rien n’y personne n’est ce qu’il semble être, vous devrez alors vous tourner du côté des éditions Métailié qui, pour cette rentrée littéraire, ont fait le choix de publier le premier roman d’un auteur argentin qui jusque là écrivait des scénarios pour le cinéma et la télévision.

Au volant de son camion, Parker, un énigmatique saxophoniste parcourt la géographie folle des routes secondaires de la Patagonie et subit les caprices des vents omniprésents. Perdu dans l’immensité du paysage, il se trouve confronté à des situations aussi étonnantes et hostiles que le paysage qui l’entoure. Des lieux aux noms improbables (Saline du désespoir, La pourrie, Mule morte, Indien méchant) sont autant de rencontres improbables aussi avec des personnages pas toujours aimables et souvent extravagants. C’est le cas d’un journaliste qui conduit une voiture sans freins et cherche des sous-marins nazis, de trinitaires anthropophages qui renoncent à la viande, de jumeaux évangéliques boliviens gardiens d’un train fantôme, d’un garagiste irascible ou encore d’un mari particulièrement jaloux.

C’est donc de nouveau vers l’Amérique du Sud, terre d’écrivains de talent, que se sont tournés les éditions Métailié pour aller nous dénicher un auteur qui en possède beaucoup. Après ces mois de confinement, cet ouvrage qui offre l’évasion est sûrement ce qu’il y a de plus salutaire en ce moment. C’est un dépaysement assuré que nous propose l’auteur avec Patagonie route 203 à qui l’on pourrait reprocher néanmoins l’absence de quelques photographies qui auraient pu s’insérer à l’ouvrage.

Pas bien grave car ces photos ou ces panoramas qui peuvent manquer, on finit par les avoir dans la tête au fil des pages. A cela s’ajoutent de nombreux dialogues absurdes parfaitement maîtrisés par l’auteur qui nous ravissent.

Et puis il y a une femme, une rencontre incroyable pour Parker, une déesse à ses yeux qui a pour principal défaut d’être mariée. Travaillant dans des foires, Maytèn se déplace régulièrement, l’obligeant à se lancer sur sa route. Une histoire d’amour entre eux commence dans un train fantôme. Un parcours de vie se dessine au gré de cette route et de cette région du monde si particulière. La construction de leur histoire d’amour se construit dans les paysages traversés et les rencontres faites mais aussi au gré des conditions climatiques changeantes.

Patagonie route 203 aura donc été une jolie surprise pour moi, un livre de voyage, un ouvrage géographique original qui m’aura fait passer quelques belles heures de lecture, notamment grâce à la très belle écriture de l’auteur.