Comédie dramatique d'Harold Pinter, mise en scène d'Elise Rouby avec Romain Poli, Françoise Levesque et Gérard Cheylus.
Avec "Family voices", ici traduites par "Les voix du sang", Harold Pinter use toujours de "l’esprit du souterrain" pour explorer, en l'espèce, le lieu pathogène par excellence qu'est la famille quand elle ne remplit pas sa vocation première, quand l'incommunicabilité et l'angoisse prennent le pas sur l'amour et la compréhension de l'autre.
Ici, l'impossibilité de communiquer des géniteurs est déclinée de deux manières différentes, la parole absente, celle du père, dans l'incapacité de dire les choses face sans doute à une relation mère/fils trop prégnante, et la parole acerbe, celle de la mère trop présente, au discours dual toujours taraudant.
Leurs deux figures obsèdent le fils qui vit dans un univers mortifère d'angoisses et de cris d'amour étouffés, emmuré psychique, auquel Pinter ne laisse pas d'espoir.
Elise Rouby donne à cette pièce conçue à l'origine pour la radio une belle réalité en faisant le choix de l'émotion.
Aux côtés de comédiens chevronnés, Françoise Levesque, qui porte avec justesse la parole égocentrique de la mère malheureuse par nature et destructrice par essence et Gérard Cheylus, en figure émouvante du père mort dans tous les sens du terme, Romain Poli, dans le rôle lourd et tragique du fils, manifeste un beau potentiel de comédien qui sait déjà transcender la charge émotionnelle d'un personnage pour en donner une vraie incarnation. |