Artcover sombre et belzébuth pour ce Black Oni qui s'inscrit comme le second volet de la trilogie initiée, avec Five suns sorti en 2002, par le trio anglais de Guapo, créé en 1994, et aujourd'hui composé de deux de ses fondateurs Matt Thompson (basse,guitare) et Dave Smith (batterie) et de Daniel O'Sullivan (clavier, guitare).
Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, le morceau d'introduction "I" est déterminant. Vous disposez exactement de 3 minutes 33 pour comprendre que la musique contemporaine peut ne pas être qu'une ressucée de la bonne vieille britpop ou un récurrent revival du rock garage.
Ça commence comme une sorte d'électro interstellaire ésotérique qui semble vouloir vous perforer le cerveau pour éclater sur une batterie et une guitare grandiloquentes et s'achever sur un tintinabulement cristallin sur fond d'indus.
Si vous en franchissez le cap, Guapo va vous envoûter et alors….gare !
Guapo ne vous laisse pas un instant de répit tant il ne s'installe jamais dans la redondance et en ce sens, il sollicite toujours l'auditeur, le plongeant en situation de qui-vive sensoriel qui, il faut le reconnaître, est quand même beaucoup moins confortable mais beaucoup plus excitant.
Et ce même au bout de plusieurs écoutes. Loin de ses repères habituels, l'oreille est à chaque fois surprise. Cantonner Guapo à un registre musical relève de l'impossible tant il navigue entre rock progressif, noisy, minimalisme, avant-rock, krautrock. Le terme rock fusion semblerait le plus adéquat.
Les chroniques en appellent à Magma, King Crimson, The Boredoms, Goblin, Sun Ra, Charlemagne Palestine, Univers Zero, This Heat, Popol Vuh et même Olivier Messiaen. Pourquoi ne pas tout simplement dire que Guapo est singulier et unique?
Et le titre de l'album n'est pas usurpé.
Après "II" qui offre une combinaison multiséquentielle déroutante propre à des décharges successives d'adrénaline, "III" par une montée en puissance progressive permet une descente en apnée plus sécure avant le bref minimaliste "IV" qui n'augure en rien de la déflagration du début du "V". |