Réalisé par Eric McGinty. Etats Unis. Drame. 1h42 (Sortie le 13 avril 2016). Avec Ivy Elrod, Steve Ward, Jo-Anne Lee et Mark Reay.
Il y a quelques semaines, le très beau documentaire de Frederick Wiseman, "In Jackson Heights", permettait de mieux connaître un quartier de New York.
"Wallabout" d'Eric McGinty, à son tour, met l'accent sur un autre secteur de la "Grosse pomme", qui n'évoquera pas forcément grand-chose aux aficionados de la la mégalopole américaine, "Wallabout Bay" .
On y découvrira ainsi un monument mal connu en forme de colonne, le "Prison Ship Martyr's Monument". Grâce au film d'Eric McGintry, on apprendra que, pendant la guerre d'Indépendance, les Anglais enfermaient les prisonniers qu'ils faisaient dans les rangs des insurgés américains dans des bateaux-prisons. Dans ces véritables "camps de concentration" flottants, les infortunés étaient enfermés dans le noir et pratiquement sans nourriture. 11 000 d'entre eux périrent... D'où ce monument pour commémorer cette page new yorkaise très sombre.
"Wallabout" d'Eric McGinty est, rien que pour cela, un film indépendant new-yorkais qui sort des sentiers battus. D'autant que son héroïne, Alex, est incarnée par une métisse américano-philippine.
Revenant aux États-Unis dix ans après avoir réalisé un court-métrage prometteur, et avoir vécu une histoire d'amour qui s'est mal terminé avec un "génie français" du cinéma, elle s'aperçoit vite que la roue a tourné.
Toute la première partie du film semble assez inspirée par "Le Signe du Lion" et, comme le personnage du film d'Eric Rohmer, on assiste à sa lente descente vers une espèce de "clochardisation". Les portes se ferment une à une sur elle. Elle a beau avoir tous les signes extérieurs d'une "bobo à vélo", qui, casque sur la tête, traverse la ville en pédalant, elle s'enfonce inexorablement.
"Wallabout" d'Eric McGinty est une belle balade dans un New York assez inhabituel. Evidemment, les milieux traversés sont artistiques et, très vite, on sait ou on sent qu'Alex va retomber sur ses pieds. Mais, la crise existentielle qu'elle vit, à laquelle s'ajoutent des problèmes familiaux qui donneront de belles scènes avec son père et sa mère dan le Connecticut, a l'avantage de nourrir le film. Le cinéaste y ajoute même une petite pincée de thriller au second degré qui n'est pas déplaisante...
Bref, dans la catégorie encombrée des films indépendants new-yorkais, "Wallabout" d'Eric McGinty fait preuve d'originalité. Une originalité cependant pas assez déterminante pour savoir si l'on est en face d'un cinéaste prometteur. "Wallabout" n'est quand même pas "Stranger than paradise" de Jim Jarmusch.
Ce joli premier long-métrage d'un franco-américain se voit avec plaisir et a l'avantage de mettre en lumière une jeune comédienne, Ivy Elrod, qui porte tout le film sur ses épaules sans difficulté. |