Réalisé par Marie-Laure Désideri et Christian Argentino. France. Documentaire. 52 minutes (Sortie le 13 mars 2018).
Quel plaisir que ces retrouvailles avec ce touche-à-tant de belles choses, à la voix si délicate et si naturellement chantante qu'on la croirait brésilienne...
Vie vagabonde, maraudeuses, assoiffée de rencontres qui se réalisent sans qu'il faille les chercher ni les provoquer, telle est la vie merveilleuse de Pierre Barouh.
Vie modeste et géniale comme ce documentaire "France 3 régions" où, dans chaque image, résonnent les échos de ce bonheur de chanter.
Dans "Pierre Barouh, l'art des rencontres" de Marie-Laure Désideri et Christian Argentino, on partira de Levallois-Perret pour le Deauville de Lelouch, le Brésil de Baden-Powell, la Vendée verdoyante de son enfance cachée. Filmé à l'âge de la vieillesse, Pierre Barouh est mieux qu'un beau vieillard, c'est ici un jeune homme éternel qui n'a rien perdu de son charme, de son éclat, de son talent.
En le voyant, en l'écoutant, on a toujours l'impression qu'on est face à un dilettante, pour qui faire un tour de scooter dans Paris est l'occasion d'écrire ses petites chansons. Alors, qu'on le sait bien, une écriture aussi pure et simple nécessite un réel art poétique, une très savante écriture qui n'est pas à la portée du premier parolier venu.
Passeur, créateur du label Saravah, il a ouvert - entre beaucoup d'autres - ses portes musicales à Brigitte Fontaine et Jacques Higelin. On verra le grand Jacques –-que l'on salue bien bas pour fêter sa toute fraîche accession à l’éternité - jouer du banjo dans des rues provençales et dans un noir et blanc soixante-huitard.
Alimentant Saravah avec les droits d'auteur de ses chansons, Pierre Baroud a été d'une grande générosité. Du jazz à la musique africaine, de Jean-Roger Caussimon à l'accordéoniste Daniel Mille, il aura toujours édité ce qu'il voulait, ce qu'il aimait.
De sa retraite vendéenne, où il regarde un extrait de "Saravah", son film éponyme sur la chanson française, à Tokyo où il a trouvé son autre paradis et une gloire surprenante, Pierre Barouh continue de susciter des amitiés et des admirations. A la tombée de cette existence bien remplie, il est aussi temps pour lui d'évoquer, avec l'extrême pudeur de quelqu'un qui chante le bonheur plutôt que le malheur, ses parents Sarah et Raphaël...
"Pierre Barouh, l'art des rencontres" de Marie-Laure Desideri et Christian Argentino est un documentaire indispensable dans la dévéthèque d'un honnête homme du nouveau siècle, qui sait forcément qu'il ne faudra jamais oublier les grandes "petites chansons" de Pierrot Barouh.
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