Théâtre déambulatoire urbain avec Ingrid Heiderscheidt et Nicolas Buysse.
Chaque année dans le Off, des spectacles sortent de l’ordinaire. C’est le cas de "Trop de Guy Béart tue Guy Béart" spectacle déambulatoire présenté par les belges de la Compagnie Victor.B au Théâtre des Doms.
Tout commence devant un box de garage où avant toute chose on vous équipe d’un gilet (les mêmes que ceux qui prennent la poussière à l’avant des voitures, mais en blanc) et d’un casque. Une fois prêts, nos deux guides équipés de micros nous accueillent. Coco et Fifou (Ingrid Heiderscheidt et Nicolas Buysse, exceptionnels tous les deux) sont frères et sœurs et surtout deux pince-sans-rire semblables à des chefs scouts qui vont bientôt lancer le pèlerinage avec force recommandations et discours de circonstance. On se rend vite compte que plus c’est ringard, plus c’est bon pour Coco et Fifou !
Tels le clown blanc et l’auguste, chacun joue sa partition avec efficacité : l’une, sérieuse, insiste sur la procédure tandis que l’autre ne peut s’empêcher de faire des blagues. En exagérant la note bucolique et en parodiant le monde associatif ou bio et celui des visites, nos deux compères transmettent néanmoins des réflexions véritables sur la place laissée à la nature en territoire urbain.
Cela parait de plus en plus évident quand le bruit des voitures le long des remparts couvre le son du casque, on se dit alors que leur démonstration est indispensable. La montée du Rocher des Doms sur la musique de Guy Béart en tapant des mains est un grand moment et la complicité s’installe rapidement avec les autres spectateurs qui se laissent tous prendre au jeu et se retrouvent bientôt à faire un "shopping nature" comme appellent nos guides la recherche en deux minutes d’échantillons de plantes pour l’herbier géant. Fenouil ou laitue sauvage, plantin, pariétaire des murailles…, Fifou, à la surprise générale, maîtrise le sujet sur le bout des doigts et détaille chaque trésor et ses vertus insoupçonnées.
Etape après étape, la visite devient de plus en plus loufoque et décalée. Il faut les voir tous les deux : elle, longue tresse et lunettes et lui, la sono et l’antenne relais sur le dos, interpréter un rap avec les montagnes en arrière-plan. Hilarant et grandiose à la fois. Et troublant tant les textes, sous l’allure de parodies, ont un tel fond de vérité.
Et bientôt, telle une armée de semeurs au service de la nature sauvage, ordre est donné au groupe de répandre les graines distribuées. Et qui de les semer dans les fissures du béton, dans les boites aux lettres ou sur les toits des voitures…
On admire leur capacité à improviser, à utiliser les rencontres impromptues pour le scénario et à tenir leurs rôles. La fin du parcours est l’occasion d’une véritable "flashmob" sur la Place Crillon devant la caméra d’un réverbère pour l’anniversaire de Bébert, l’amoureux de Coco qui travaille à la vidéo-surveillance de la ville et pour qui on interprétera une danse d’anniversaire consciencieusement répétée auparavant.
Le groupe se séparera après un pot convivial autour d’un sirop de sureau et tous auront l’impression d’avoir vécu une expérience commune inoubliable qui nous aura amené à réfléchir au monde qui nous entoure. Très fort ! |