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puce Maître Puntila et son valet Matti
Théâtre des Quartiers d'Ivry  (Ivry)  janvier 2013

Comédie de Bertold Brecht, mise en scène de Guy Pierre Couleau, avec Pierre Alain Chapuis, Luc Antoine Diquero, Sébastien Desjours, François Kergourlay, Nolwenn Korbell, Pauline Ribat, Rainer Sievert, Fanny Sintès, Serge Tranvouez, Jessica Vedel et Clémentine Verdier.

"Maître Puntila et son valet Matti" constitue une des pièces du grand quatuor emblématique de Bertold Brecht dans laquelle, l'homme de théâtre complet, auteur, metteur en scène, comédien et directeur de troupe, doublé d'un homme acquis à l'analyse marxiste use des thémes récurrents de la comédie que sont le mariage et les rapports maître-valet pour provoquer un comique de situations dans un théâtre d'acteurs qui sert d'habillage à un théâtre didactique et d'engagement politique.

Pour aborder, à titre principal, un sujet social, celui de la lutte des classes, et un sujet politique, les rapports de pouvoir et de domination dans le monde du travail, ainsi l'illusion de l'ascenseur social et la condition de la femme plébéienne doublement asservie par le maître et le mari, Brecht illustre la situation en invitant le spectateur à emboîter le pas de Matti, chauffeur et homme à tout faire de son nouveau patron, Maître Puntila.

Puntila souffre du dilemme janusien celui de l'homme qui est aussi un patron : l'homme voudrait tendre vers le patron bourgeois et paternaliste du 19ème siècle pour être aimé de ses employés mais le patron lui rappelle que le sentimentalisme ne figure pas au rand des préceptes économiques basés sur la force de production essentiellement du labeur humain.

Certes, le modèle économique fustigé par Brecht, celui du propriétaire foncier héritier du seigneur médiéval, est aujourd'hui dépassé mais l'exploitation des classes plébéiennes n'en est que plus lourde et spécieuse car elle passe par les paragons du capitalisme ultralibéral que sont les multinationales sans visage et les mécanismes spécieux tel le consumérisme qu'il induit.

Et c'est l'abus d'alcool ou l'abstinence qui détermine son caractère versatile qui varie donc de la culpabilisation générant une générosité affable au mépris le plus condamnable.

Porteur de la parole brechtienne, Matti valet lucide à la conscience politique déjà aiguisée ne croît pas au "bon" maître et ne se leurre pas sur les propositions généreuses que lui fera le maitre aviné préférant partir, quoiqu'en coûte sa soif de liberté.

Car, bien sûr, chez Brecht, pour lui le théâtre n'a pas pur but de résoudre les contradictions ou les conflits mais d'inciter le spectateur à porter un regard critique sur le monde, il n'y a pas de happy end.

Guy Pierre Couleau s'attaque avec succès à ce "monument théâtral" et les mérites de ses parti-pris de mise en scène sont remarquables parce grands en ce qu'il extrait l'opus du registre naturaliste et quasi-floklorique dans laquelle les pièces de Brecht sont souvent confinées et en dilue la vocation didactique parfois ressentie comme indigeste.

Et surtout, alors que si le burlesque du cinéma muet dont il indique dans sa note d'intention s'être inspiré est présent, il réussit un syncrétisme audacieux entre le théâtre bouffe et le néo-modernisme distancié, alternant entre la truculente de la farce bouffonne qui évoque celles des opérettes-bouffe d'Offenbach et l'équivoque distanciation crimpienne qui parvient quasiment à soutenir l'attention du spectateur pendant les plus de trois heures que dure la pièce montée in extenso.

Dans un décor minimaliste de Raymond Sarti composé de panneaux blancs mobiles, vêtus de complets de villégiature tchekhovien ou de smoking et chaussés de pompes bicolores de sapeurs, les nantis, tous maîtres qu'ils soient dans leur fief ou leur notabilité, sont réduits à l'état de pantins qui s'agitent comme des automates, dont ils ont la gestuelle.

Dès lors, la partition est propice à de jolis numéros d'acteur. Ainsi, dans le rôle de l'attaché culturel futur gendre de Puntila que ce dernier qualifie de "sauterelle diplomatique", Sébastien Desjours compose un vibrion feu follet qui n'est pas sans évoquer les frétillantes victimes de la branchitude.

Le juge campé par Serge Tranvouez ressemble au lapin de la publicité Duracell et c'est un festival que délivre Rainer Sievert, notamment avec le rôle du pasteur pilate et pique-assiette accompagné de son épouse ahurie interprétée Jessica Vedel. Seul le jeu de François Kergourlay reste moins extraverti.

Pauline Ribat et Fanny Sintès interprètent joliment les jeunes domestiques accommodantes qui portent la tenue blanche et noires des soubrettes de comédie de boulevard et ceux qui apprécient le côté cabaret de Brecht seront ravis d’entendre Nolwenn Korbell qui assure les intermèdes chantés en langue originale.

Clémentine Verdier est parfaite en fille aguicheuse fille de Puntila se pavanant en tenue légère façon starlette sur la croisette qui la fille de Puntila qui joue la rebelle tentée par la puissance virile et l'amour ancillaire comme la Mademosielle Julie de Strindberg ou la Lady Chatterley de David Herbert Lawrence jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle ne peut accepter les conditions de la vie plébéienne.

Enfin, pour le duo-titre, Guy Pierre Couleau a fait appel à des valeurs sûres.

Dans ce rôle au double jeu de Puntila, Pierre Alain Chapuis, verbe truculent et jeu puissant, trouve un rôle à la mesure de son talent, un rôle qu'il porte magistralement vers la démesure tragicomique qu'il tende vers le monstrueux, l'auto-apitoiement ou le credo humaniste.

Face à lui, Luc Antoine Diquero via le personnage de Matti compose un personnage de valet philosophe qui affirme que l'homme libre ne saurait accepter l'aliénation et l'humiliation et doit aussi se donner les moyens de cette liberté déjà en refusant tant la soumission fataliste que le compromis opportuniste.

Après "Les justes" de Albert Camus et "Les mains sales" de Jean-Paul Sartre, Guy Pierre Couleau, qui poursuit son travail sur le théâtre d'engagement des années 40-50, signe une belle réussite qui devrait séduire même les frileux du théâtre de Brecht.

 

MM         
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