Spectacle de cabaret mis en scène par Vanessa Sanchez, avec Déborah Coustols, Laurence Despezelle-Pérardel, Emmanuel Leckner et Vanessa Sanchez.
A la lumière de son spectacle "Le cabaret des filles difficiles", la Compagnie Etincelles a bien choisi son nom car elle livre un spectacle qui percute tant par le traitement singulier de la thématique choisie que par son registre formel.
Inspirée des oeuvres, et du ton, des dramaturges italiens Dario Fo et Francesca Rame, cette création collective, avec la collaboration de Carole Prieur pour la coordination de l'écriture et la dramaturgie, se présente comme une réflexion sur l'état de la condition féminine contemporaine.
Des contraintes physiologiques aux réalités prosaïques du statut de la femme moderne en passant par les relations avec la gent masculine, l'essentiel est abordé de manière directe, et souvent radicale, cependant sans verser ni dans la caricature ni dans un féminisme primaire et revanchard, sous forme de numéros de cabaret ponctués de monologues.
En la forme, mêlant en sus représentation et envers du décor, et usant du choix du cabaret pour diversifier tant l'esthétique visuelle que le registre d'interprétation, toutes les partitions, dont la conception et l'écriture attestent d'un travail de qualité, sont scénographiées de manière différente et toujours inattendue.
Les numéros en solos, en duos ou en trio, voire en quatuor, puisent dans le registre de la pantomime, de la marionnette, du music hall, de la comédie musicale et du théâtre et sont exécutés avec autant de talent que de grâce par des les officiants rompus aux disciplines du jeu, du chant et de la danse.
Et à chacune son registre : le dramatique pour Vanessa Sanchez, la brune, évoquant "les petits cadavres" des grossesses létales, le tragi-comique pour Laurence Despezelle-Pérardel, l'auburn, pour "la femme écartelée" par l'emploi du temps stressant de la femme multitâches, et le burlesque pour Déborah Coustols, la blonde, la fashionista victime des diktats de la mode, de la beauté et du jeunisme.
Face à ce trio féminin, il incombe à Emmanuel Leckner d'incarner le masculin qui est parfois, et à juste titre, mis à mal dans les numéros jubilatoires de la drague et celui de la vengeance des femmes-objets.
Dans un décor de cabaret avec velours noir et cadre lumineux, avec les lumières très soignées de Laurent Gachet, la mise en scène dynamique de Vanessa Sanchez et les chorégraphies pétulantes de Jessica Fouché, le quatuor dispense un spectacle intelligent et épatant qui hybride judicieusement la réflexion et le divertissement. |