Une grande dame blanche tatouée… un mélange de vodka et de caramel… douce et forte à la fois… voilà quelques-uns des adjectifs qu’on pourrait prêter à Maissiat, en solo depuis trois ans. Ici son second album, gracieux et vaporeux : Grand amour.
Il n’a pas fini de nous faire parler, celui-là. Et Maissiat l’a bien compris. L’album entier est consacré à ses déchirements, ses emportements, ses doutes et ses promesses. Grand amour est selon toute vraisemblance tiré de faits réels, laissons ses méandres exacts à la discrétion de Grande Dame. Nous saurons nous contenter de comprendre que Maissiat a créé les conditions de son inspiration en s’installant sous le soleil de la ville des Papes (sans pape).
Plus facile de comprendre la chaleur de l’album, une musique irradiant de ce qui berce l’âme, située juste entre les bras consolateurs d’une mère et la quiétude d’un paysage familier. Je n’imagine pas Maissiat élever le ton ou prendre la mouche pour monter sur des chevaux trop fougueux pour présenter de la tendresse, le ton est posé, la voix est maîtrisée à la perfection, Maissiat fait du velours de ses murmures.
Les accords sur la pointe des notes sont retenus par des pianos discrets, des percussions frôlées, l’électronique effleurée. Maissiat dresse le tableau des mystères des relations humaines, et on se fiche de savoir pourquoi l’homme en vient à se torturer pour un Grand Amour, ce qui compte, c’est de vivre avec ou sans, d’en crever ou de s’envoler, ce qui compte est d’y plonger la tête la première et de s’y rompre le cou ou de s’en saouler.
Les dix titres de l’album sont dix facettes de l’amour, dix images prises au hasard du tourbillon, avec une parfaite maîtrise de la fougue et une retenue millimétrée.
De l’amour-absolu laissé dans un passé irréversible : "Tu es le seul temps, le seul qui m’enchante, il est dans chaque mot signifié que je t’aime" ("Grand huit").
De l’amour-automne qui sonne comme la fin des coquillages : "Je ne sais plus, tu ne sais plus que faire de mes silences" ("Avril"), ou l’éloignement évident de la distance ou des saisons changeantes.
De l’amour-torride où un seul suffit à apaiser soifs et faims : "Ta chaleur hante mon sommeil, hante mes nuit, ce plaisir insulaire" ("Swing Sahara"), dans un désert de chaleurs et de passions charnelles.
De l’amour-secret gardant en son cœur la pureté sincère d’un sentiment non partagé : "J’avoue j’en suis malade, j’ai peur de me réveiller de vous rêver souvent, les nuits sans vous létales m’ennuieront fatalement" ("Ce bleu sentimental").
Des accords stellaires pour animer les multiples facettes d’un état qui n’a pas fini de faire couler de l’encre sur les joues des âmes comblées et damnées. Un regard bienvenu sur les fondements de ce truc à ventricules qui palpite à l’intérieur de notre dedans, ce bidule maintes fois disséqué sans jamais révéler son alchimie. Maissiat nous le décrit dans Grand Amour, comme on voudrait tous être aimé : avec fougue et tendresse.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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