Tragédie conçue et mise en scène par Claire Dancoisne d'après "Macbeth" de Shakespeare sur un texte de texte d’Arthur Lefebvre, avec Rita Tchenko et Maxence Vandevelde.
Et si Shakespeare rencontrait La Fontaine ? Telle est la proposition de Claire Dancoisne pour "Macbêtes", l'un des "Petits polars" inscrits au répertoire de sa compagnie, le Théâtre de La Licorne dédié aux arts marionnettiques et au théâtre d’objets. En effet, elle y use de l'antropomorphisme pour décliner, dans le monde animal, la folie meurtrière du couple Macbeth dans sa course au pouvoir .
Sous-titré "Les nuits tragiques" et qualifié de "tragédie sanglante pour insectes métalliques", cet opus de format court procède par une hybridation aussi judicieuse que réussie et efficace de la tragédie, du polar et du gore sous l'égide de l'humour noir et du cannibalisme insectivore.
Ainsi le machiavélique et mégalomaniaque couple shakespearien se décline en une minuscule guêpe venimeuse qui sait aiguillonner son géant de mari-coléoptère pour devenir, par personne interposée, la reine du monde.
Mais l'asservissement du peuple de l'herbe ne leur suffit pas. Le discours du tyran, qui n'est pas sans résonance contemporaine, vise à éliminer les opposants, les indésirables, les miséreux et la racaille, et la barbarie du pouvoir tyrannique se manifeste de manière radicale par un cannibalisme effrayant et insatiable. Jusqu'à ce que mort s'ensuive...
Pour interpréter ce délire à deux dans le cadre d'un "Panique à Microcosmos" scénographié et mis en scène par Claire Dancoisne sur une partition textuelle de Arthur Lefebvre, deux émérites comédiens-marionnettistes dont les magnifiques insectes-sculptures créés par Patrick Smith constituent les partenaires de jeu.
Dans un dispositif scénique qui fait la part belle à la récupération et au "bidouillage" et évoque un dystopique univers post-apocalyptique, sévissent de monstrueux bouffons encostumés par Catherine Lefebvre, mains griffues, têtes de fous aux faux yeus perçés de toons, bouches noires comme des gouffres insondables et attitudes de rapaces sanguinaires.
Excellents tant dans le jeu verbal que la pantomime et la manipulation d'objets, Rita Tchenko et Maxence Vandevelde dispensent magnifiquement ce délire à deux qui, fascinant et stupéfiant, s'avère digne de leur illustre ancêtre théâtral. |