Comédie héroïque de Edmond Rostand, mise en scène de Lazare Herson-Macarel, avec Julien Campani, Philippe Canales (en alternance Eric Herson-Macarel), Céline Chéenne, Eddie Chignara, Joseph Fourez, Salomé Gasselin, David Guez, Pierre-Louis Jozan, Morgane Nairaud, René Turquois et Gaëlle Voukissa. Affublé d'un appendice nasal objet d'incessants quolibets qu'il déjouent par une bravoure bravache, Cyrano aime celle qu'il voit comme une inaccessible étoile, sa cousine Roxane qui préfère la beauté plastique à la beauté intérieure des laids.
Mais la belle très courtisée est aussi une jouisseuse auriculaire qui aime non seulement entendre les discours amoureux mais vanter ses charmes ce qui donne l'occasion au transi Cyrano de lui déclarer sa flamme par personne interposée.
Tel est l'argument de la comédie héroïque en cinq actes et en vers "Cyrano de Bergerac" morceau de bravoure de Edmond Rostand et pièce d'assemblage au générique pléthorique considérée comme un fleuron du théâtre populaire et du répertoire du théâtre de troupe qui connaîssent un regain d'intérêt auprès des jeunes metteurs en scène.
Tel est le cas de Lazare Herson-Macarel qui entraîne dans l'aventure la fougueuse troupe de sa Compagnie de la Jeunesse aimable qui, avec un plaisir évident, se laisse aller au plaisir du jeu en interprétant de surcroît plusieurs personnages.
S'il raccourcit le titre de l'opus original au seul prénom du principal protagoniste, il n'en resserre pas la partition au format long et en respecte la structure de patchwork stylistique mêlant farce italienne, comédie baroque et drame romantique.
Un hétéroclisme qui s'applique également à la scénographie décontextualisée élaborée par Ingrid Pettigrew, une simple série de praticables manipulés à vue, et aux costumes boutiqués par Alice Duchange. Comme le décor mobile, les jeunes interprètes, dont une révélation avec David Guez remarquable tant en emphatique tragédien que truculent rôtisseur-pâtissier, encadrés par Lazare Herson-Macarel qui démontre ses talents de directeur de troupe, virevoltent d'une scène à l'autre entraînés dans un mouvement perpétuel qui ne cesse qu'avec l'intervention du fameux Cyrano.
Celui-ci est efficacement campé par Eddie Chignara, comédien aguerri dont est connu la maîtrise de la démesure, qui s'empare du personnage avec une éloquente sobriété en évitant tant le surjeu victimaire que la tentation du numéro d'acteur. Et c'est un régal. |