Voilà une petite pépite de livre sortie au mois d’août sur laquelle je n’avais encore pas eu le temps de m’attarder. J’ai déjà lu et chroniqué deux excellents livres sur le racisme avec l’ouvrage de Brit Bennett et celui de Colson Whitehead, il me restait alors à lire celui de Yaa Gyasi, l’une des grandes voix de la littérature américaine qui a rencontré un très beau succès avec son précédent ouvrage, No home qui a reçu le prix des lecteurs du Livre de Poche en 2018.
Avec son dernier ouvrage, Sublime Royaume, Yaa Gyasi raconte les difficultés d’avoir une peau noire en Amérique et le choc des générations au sein d’une famille issue de l’immigration. Tout cela au travers de l’histoire de Gifty, une Américaine d’origine Ghanéenne qui est chercheuse en neurologie et consacre sa vie à ses souris de laboratoire. Du jour au lendemain, elle doit accueillir chez elle sa mère, une femme très croyante qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, qui reste enfermée dans sa chambre. Au fil de souvenirs d’enfance émouvants, Gifty s’interroge sur sa passion pour la science si opposée aux croyances de sa mère et de ses ancêtres.
Sublime Royaume est un très beau roman qui nous montre donc la quête d’identité d’une jeune femme noire, sur le rapport qu’elle entretient avec la religion. C’est aussi l’histoire d’une famille pas simple, l’histoire d’une fille éloignée de son père, qui voit sa mère dépérir par la maladie et son frère qui va sombrer dans des difficultés mortelles.
L’ouvrage est construit autour du récit de différentes époques au travers de chapitres relativement courts qui permettent au lecteur de comprendre l’histoire de Gifty. On voit sa mère quitter le Ghana pour venir s’installer avec son frère aux Etats-Unis, on la voit devenir chercheuse après des études en neurologie. On la voit aussi revoir les tragédies de son passé lorsqu’elle récupère sa mère malade.
L’ouvrage est superbement écrit, il est aussi intelligent, émouvant et profond. J’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur nous montre le paradoxe qui envahit la narratrice. Celle-ci est chercheuse, très cartésienne et en même temps croyante. On voit au fil des pages comment depuis bien longtemps elle vit avec ce paradoxe. L’histoire qu’elle nous raconte est aussi celle de sa vie en Amérique, mais aussi celle d’un pays, le Ghana, qu’au final elle ne connaît pas jusqu'à ce qu’elle y aille et découvre ce qu’elle serait si elle était restée là-bas. En même temps, elle nous raconte aussi le racisme ordinaire qui la touche, elle et surtout son frère aux Etats-Unis.
La narratrice nous montre au final sa construction autour d’une double culture qui lui apporte de nombreux avantages mais aussi de nombreuses difficultés. Sublime Royaume est un roman d’une grande sincérité, c’est une de mes belles découvertes de cette rentrée littéraire.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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