Comédie écrite et mise en scène par Charlotte Rousseau avec Eléonore Guipouy, Laure Fernandez, Agathe Dumont, Allison Vieuxmaire et Charlotte Rousseau.
Cinq sièges orange à grosses fleurs, dans le plus pur style kitsch des seventies sont alignés. Un vieil électrophone joue la version instrumentale de tubes des années 70 (Michel Sardou, Sylvie Vartan...). Posé sur l'un des sièges, une boule à facettes donne à la salle tout entière l'ambiance d'un dancing de province.
Elles arrivent l'une après l'autre, dansant chacune d'une façon surréaliste et différente puis s'installent pour attendre on ne sait quoi (un cavalier pour une danse, un instant au micro, une audition pour la gloire ?) Il y a, entre autres, une hôtesse Tupperware un peu coincée (Allison Vieuxmaire, excellente) ou une glamour girl qui se déguisera en lapin géant (superbe Eléonore Guipouy).
Elles se jaugent, se défient, s'allient, se tirent dans les pattes...puis se retrouvent ensemble comme à la parade pour une chorégraphie collective. Sur une bande-son qui mélange vieux vinyls rayés d'époque et samples de boîte à rythme, les cinq danseuses - comédiennes de la Presque Compagnie - avec une énergie frénétique, chamboulent tout, aussi bien au propre qu'au figuré, avec une délectation évidente et communicative.
Devant l'avalanche de gags de ces figures anachroniques, le public est vite gagné par l'hilarité. D'autant que les comédiennes fourmillent d'inventivité dans un humour très british et décalé. Les chorégraphies sont impeccablement efficaces et prouvent le niveau intrinsèque de ces cinq-là dans des styles aussi divers que nombreux. La recherche est permanente, les idées fusent et l'humour emporte tout.
Et puis au détour d'une chanson ou d'une danse, commence à poindre une petite nostalgie vivace d'un rêve de princesse jamais exaucé ou d'une apprentie-gymnaste maladroite, entre rire et désenchantement. Une fois le costume enlevé, on se retrouve comme à une fin de bal, espérant encore un prince charmant qui ne viendra plus.
Tout le spectacle avance constamment sur ce fil ténu, en fragile équilibre entre désespoir et autodérision. Conçu par Charlotte Rousseau (irrésistible de drôlerie), "Women in love" est un exultant jeu de massacre sublime de folie en même temps qu'une formidable satire de la société de consommation. Et biensûr une réflexion sur l'amour.
Un spectacle dynamité, inventif et vraiment prometteur.
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