Réalisé
par Mélanie Laurent. France. Comédie dramatique.
Durée : 1h40. (Sortie 16 novembre 2011). Avec Mélanie Laurent, Denis Ménochet, Marie Denarnaud, Clémentine Célarié, Audrey Lamy, Théodore Maquet-Foucher, Morgan Perez et Nicolas Medad.
Mélanie Laurent cinéaste ! On ne devrait pas être étonné, même si Mélanie semble une frêle jeune fille qu’on voit sur les écrans seulement depuis quelques années, car le cinéma, et particulièrement le cinéma français, ne compte plus ses acteurs devenus réalisateurs.
Cela paraît désormais la voie royale - la seule ? - pour passer derrière la caméra et avoir les moyens pour le faire. Rien que ces dernières années ont crié "moteur" : Yvan Attal, Guillaume Canet, Niels Arestrup, Jean-Pierre Darroussin. Prenant place dans une longue liste où l’on retrouve pêle-mêle Charles Vanel, Gaston Modot, Sacha Guitry, Raymond Rouleau, Jean-Louis Trintignant, Maurice Ronet, Christian Marquand, Michel Piccoli, Alain Delon, Gérard Depardieu, Darry Cowl, Francis Huster, Jean Yanne, Pierre Richard, Louis de Funès, Pierre Mondy et les Trois inconnus... Sans oublier Jean-Pierre Mocky qui fut un tout jeune premier pour Antonioni.
Du côté féminin, on partira de Musidora pour arriver à Nicole Garcia, Agnès Jaoui, Coline Serreau, Judith Godrèche, Sophie Marceau, Jeanne Moreau, Maïwenn et Isild Le Besco, Valérie Bruni-Tedeschi, Valérie Donzelli...
Voilà donc Mélanie qui, à son tour, vient de franchir le Rubicon cinématographique. Ce qui n’est pas, finalement, une mince affaire. Mais rassurons tout de suite les ami(e)s de Mélanie : elle s’en sort pas mal, la petite ! À tel point qu’on peu raisonnablement écrire qu’elle devrait renouveler bientôt l’expérience.
À la vue de son film sensible, qui cherche à résoudre les équations techniques et esthétiques qui se posent à un "vrai" réalisateur, on attend effectivement qu’elle récidive. Mélanie Laurent, en effet, a les "bonnes" qualités qui font les acteurs-réalisateurs...
D’abord, elle sait choisir ses partenaires et créer une distribution homogène de camarades dévoués à sa cause. Ensuite, elle a compris qu’elle ne devait pas se donner le "meilleur" rôle et fait du duo Denis Ménochet-Marie Denarnaud le pivot de son film. Entre son rôle, un peu convenu, et celui douloureux et tragique qu’elle attribue à Marie Denarnaud, il n’y pas photo.
À son crédit également, la mise en avant de Denis Ménochet, acteur solide qui devrait refaire parler de lui. Dans son film, pas sans rapport avec "La guerre est déclarée" de Valérie Donzelli, puisqu’elle traite aussi d’un sujet mélodramatique en immersion dans un "milieu bobo", Mélanie n’hésite pas à montrer son amour du cinéma, quitte quelquefois à "surcharger" la barque avec des scènes lelouchiennes. Ce n’est pas grave.
Si on veut poursuivre la comparaison avec Valérie Donzelli, on est ici plus près du premier film (réussi) de celle-ci, "La Reine des Pommes" que de "La Guerre est déclarée".
On sera donc indulgent devant un film émouvant, pudique dans son chantage aux sentiments et montrant son amour du cinéma. Les scènes un peu ratées, notamment celles avec le petit garçon, typique enfant de bobos tout permis, n’irritent pas trop.
Il y a chez Mélanie Laurent une distance, une certaine modestie, qui manque à Valérie Donzelli dans son deuxième film, et qui fait passer les pilules amères et les préciosités de premier film.
"Les adoptés" est un film charmant, mignon, qu’on ira voir pour prendre date et parier que Mélanie Laurent, si elle s’acharne derrière la caméra sans se prendre pour Orson Welles, et en aimant raconter des histoires, nous donnera rapidement à voir des films très personnels. |