"Touring is an expression of faith - in yourself, in your friends, in the hope that the world has a place for you", Jonathan Meiburg.
Compagnons de voyage. Ce Fellow Travelers est peut-être d’abord une histoire d’amitiés. Car ce disque, qui est un disque de reprises, possède, comme souvent chez Shearwater qui aime avoir une vision thématique claire, une ligne directrice forte. Chaque composition rejouée ici provient de groupes ayant tourné avec les américains depuis une dizaine d’années et ayant noué avec eux des liens forts. Sont présents entre autres : Clinic, Xiu Xiu, Lou Barlow, St Vincent, Sharon Van Etten ou Coldplay. Pour couronner le tout, certains artistes ont même participé à la relecture d’autres titres que ceux qu’ils ont composés. Le résultat est à la hauteur de nos espérances et a même dépassé celui du groupe car de mini-album de transition, ils ont décidé d’en faire un véritable album.
Pour ceux qui auraient des doutes, Shearwater n’a rien perdu de sa superbe en se confrontant à un autre répertoire, bien au contraire et l’on retrouve tout le long de ce disque ce son à la fois épuré et intense. On oserait presque parler d’une seconde jeunesse. Chaque titre constitue totalement une véritable réappropriation. La bande à Jonathan Meiburg parvient à trouver la substantifique moelle de chaque titre (riff de guitare, ligne mélodique ou rythmique, arpèges de piano…) puis injecte son propre ADN pour une otale transformation.
Rock, pop, folk, ce disque est transgenre, conjuguant dentelle fragile et éthérée ("Ambiguity" de Davis Thomas Broughton ou "A Wake For The Minautor") et tension palpable ("I Luv The Valley Oh !!" de Xiu Xiu qui garde son côté anxiogène ou "Natural One" de Folk Implosion avec la participation de Lou Barlow). Ce disque est également une réflexion sur la vie de musicien en tournée, cette dichotomie entre les longs voyages en solitaire et la projection sur scène devant des spectateurs. Une profession de foi qui souligne aussi la relation entre les musiciens en tournée et leur public.
A l'heure où Okkervil River peine à retrouver son lustre d’antan depuis le départ de leur claviériste Jonathan Meiburg parti fonder son propre projet, c’est bien du côté de Shearwater que se passent les choses les plus intéressantes. |