Ultramega OK (Expanded Reissue)
(Sub Pop / PIAS) mars 2017
Ultramega Ok est sorti en 1988. A l’époque, j’avais 11 ans, c’est dire si ce disque a eu de l’importance pour moi… Ce n’est que bien plus tard que je me suis intéressé à Soundgarden. D’abord forcément via Superunknown, leur plus grand succès sorti en 1994, remontant alors petit à petit leur discographie en sens inverse, découvrant Badmotorfinger (sorti en 1991), Louder Than Love (1989) et donc Ultramega OK.
Un intérêt pour le groupe dû, il faut l’avouer, à plusieurs facteurs : d’abord (et surtout ?) à la mode grunge. Soungarden venait de Seattle, l’épicentre rock du monde à l’époque, tout comme Nirvana, Alice In Chains, Pearl Jam ou Mudhoney et cela suffisait simplement pour avoir envie d’écouter leurs disques, même si le groupe pourtant considéré comme faisant partie du Big Four du genre était un cran en dessous.
Ensuite, la vision en 1992 ou 93 du film Singles de Cameron Crowe, vague histoire d’amour sur fond de musique rock située à Seattle avec des caméos des principaux groupes de la scène grunge de la ville : Alice In Chains, Pearl Jam, Soundgarden, Tad. Les musiciens de Pearl Jam y tiennent même un petit rôle en tant que membres de Citizen Dick, groupe fictif de Cliff Poncier (Matt Dillon). Le film valait surtout pour sa bande-son originale (avec Pearl Jam, Screaming Trees, Alice In Chains, Mother Love Bone, Soundgarden, Smashing Pumpkins…) qui eut sur moi un véritable impact, au moins aussi important que celle du film Judgment Night (de Stephen Hopkins sorti en 1993) qui réunissait sur des titres en duo des artistes rock (Helmet, Teenage Fanclub, Faith No More, Sonic Youth, Slayer, Biohazard…) et rap (De La Soul, Run DMC, Cypress Hill…). Deux disques culte à posséder absolument, il n’est pas nécessaire de le préciser !
Enfin, j’avais vu Soundgarden en première partie des Guns and Roses à l’Hippodrome de Vincennes en juin 1992. Si la claque était moins intense que pour Faith No More (et que pour les Guns and Roses mais pour d’autres raisons…), le groupe avait fait une prestation plutôt intéressante (en tout cas nettement plus qu’en première partie de Metallica à Werchter en 2012, où le terme saccage est plus adapté que celui de concert).
Ultramega OK est le premier album de Soundgarden. Le groupe est alors composé de Chris Cornell au chant et à la guitare, de Kim Thayil à la guitare, d’Hiro Yamamoto à la basse et de Matt Cameron à la batterie. Bien qu’ayant sorti deux EP Screaming Life en 1987 et Fopp en 1988 chez Sub Pop (le label référence du genre), c’est chez SST que le groupe signe pour ce premier disque. Un choix que le groupe regrettera plus tard, surtout à cause de la production de Drew Canulette jugée trop impersonnelle et brouillonne.
Pourtant, sur le papier, le label SST avec son intérêt pour le punk et une certaine idée du rock indépendant n’était pas une idiotie pour un groupe qui affectionnait autant le punk rock que le heavy metal, le stoner ou le rock psychédélique. Led Zeppelin, Black Sabbath, Black Flag sont de très grosses influences. Il n’empêche Ultramega OK est un condensé d’énergie brute ("Head Injury", "He didn’t", "Circle Of Power", "Flower", "All Your Lies"…) au son sale et rêche, les guitares sont lourdes, la batterie tabasse comme il faut et Cornell beugle comme si sa vie en dépendait. Le tout dans ce qui pourrait s’apparenter à un mélange de punk, de noise, de heavy metal, d’indie rock et de morceaux fantaisistes ("665", "667", "Circle of Power" et "One Minute of Silence" faisant référence à un titre de John Lennon et Yoko Ono) pas forcément toujours cohérent. Un monstre agressif, furieux et électrique que le groupe semble ne pas toujours pouvoir dompter ou maîtriser.
Ultramega OK ressort donc presque trente ans plus tard (trente ans… petit coup de vieux au passage…) avec derrière la console cette fois "le petit jeune" Jack Endino (Nirvana, Mudhoney…) qui, tout le monde le sait, n’y connaît absolument rien dans le son grunge… (humour). Et l’on regrette tout comme le groupe qu’il n’ait été aux commandes dès le début au vu du résultat final. Tout est rééquilibré et redonne un véritable sens aux chansons. Outre les 13 morceaux de l'album, figurent les premières versions de six-pistes, enregistrées à l'origine en 1987 déjà par Endino. Une excellente raison de réévaluer ce disque en somme.
L'été approche et avec lui la pénurie de sorties en tout genre mais d'ici là, on fait le plein !.
Pensez aussi à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.