Spectacle
conçu et mis en scène par Jean-Claude Seguin,
avec Marie Grudzinski.
Jean-Claude Seguin s'est attaché à travers la
correspondance de celle qu'on nommait La Palatine, qui s'avère
une vraie chronique des moeurs de son temps et fait œuvre
de mémorialiste, a la personnalité roborative
de l'épouse du frère du roi Soleil.
Belle sœur de Louis XIV, et jouissant de son estime, dépourvue
d'ambition politique et de goût du paraître, elle
ne se commet ni dans les jalousies féminines ni dans
les complots et son franc parler, allant jusqu'à la trivialité,
en font une observatrice impitoyable et une critique savoureuse
tant des mœurs dissolues de la Cour que de la vie politique
de son époque avec un bon sens presque paysan malgré
ses origines princières.
Un franc-parler qui lui attire quolibets, inimitiés
et cabales qui, ajoutés à sa nostalgie de son
pays natal et de sa famille, pèsent parfois sur sa bonne
humeur. Son exutoire : une incroyable force vitale, de l'humour,
qui passe aussi par l'autodérision, et l'écriture
qu'elle pratique quotidiennement .
Jean-Claude Seguin a conçu et mis en scène un
très réussi spectacle, qui s'inscrit dans le registre
du théâtre historique, en utilisant avec intelligence,
sans ostentation, toutes les ressources de la transposition
théâtrale et en portant un grand soin à
la mise en espace et en lumières pour ôter toute
aridité à ce qui pourrait n'être qu'un exercice
de lecture théâtralisée.
Marie Grudzinski entre dans peau
de ce personnage truculent comme elle revêt progressivement
l'empesé costume du 17ème siècle. Drôle,
émouvante ou cocasse, maîtrisant parfaitement ses
moyens, de la charmante Liselotte, à l'accent germanique
qui arrive à la cour française sans nourrir beaucoup
d'illusions sur ce que sera sa vie personnelle, à la
vielle dame vérolée et empâtée, elle
brosse le portrait d'une femme truculente, empathique, et résolument
moderne d'esprit, par touches impressionnistes, sans verser
dans le réalisme appuyé.
C'est net, précis et sans bavure. Un spectacle donc
hautement recommandable pour apporter un utile contrepoint à
la vision romanesque de l'Allée du Roi.
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