Spectacle
de la compagnie Salia Nï Seydou, chorégraphie de
Salia Sanou et Seydou Boro, avec Salia Sanou, Seydou Boro, Adjaratou
Ouedraogo, Ousseni Sako, Bénédicth Sene, Boukary
Séré, Asha Thomas et les musiciens Djata Melissa
Ilebou, Mamadou Koné, Pierre Valana, Oumarou Bambara
et Adama Dembélé.
La scène du Théâtre de la Ville est peint
d'ocre et de blanc pour "Poussières de Sang".
Les chorégraphes et danseurs burkinabè, Salia
Sanou et Seydou Boro, proposent leur vision de l'Afrique, sur
plusieurs thèmes, sociaux ou politiques. Le spectacle
s'articule autour d'eux-mêmes et de cinq autres danseurs,
quatre musiciens et une chanteuse.
Le Burkina Faso ("le pays des hommes intègres"
en langue mooré), est une démocratie, stable depuis
le début des années 90, mais proche de territoires
dont l'histoire récente a été marquée
par des crises dramatiques. C'est d'abord la chanteuse Djata
Melissa Ilebou qui entame une mélopée languissante
tandis que deux des danseurs miment la violence entre les ethnies
ou les partis politiques, l'un en pantalon blanc, l'autre en
pantalon rouge.
Tout le spectacle est rythmé par ces scènes
de violences. Les danseurs tombent, les uns après les
autres, peinent à respirer. A genoux, ils ne trouvent
plus la force de se relever. Ils sont aussi parfois jetés
sans ménagement, alignés face un mur de bois;
par le jeu des lumières, les ombres derrière eux
sont rouges. A un moment une femme est traînée
par les pieds, les jambes écartées par un des
hommes de la troupe.
Cette violence et ces scènes guerrières se répètent,
jusqu'à créer une certaine indifférence,
ce qui symboliquement n'est malheureusement que trop vrai de
la réaction des opinions occidentales face aux conflits
qui se déroulent sur le continent africain, et les drames
qui en résultent. La chorégraphie des danseurs,
véritables sculptures de muscles, se révèle
moins répétitive dans les scènes à
deux ou trois. Les mouvements sont plus enrobés. La dynamique
plus perceptible.
Musicalement, les percussions et instruments traditionnels,
sont vers la fin du spectacle rattrapés par des sonorités
occidentales, modernes, free-jazz, une musique de blancs qui
prend ses racines dans le musique noire. Le saxophoniste Pierre
Valana, seul artiste blanc du spectacle, déambule sur
la scène, les danseurs se cognent à lui, s'opposent,
mais ils ne font que freiner sa progression, lorsqu'ils ne s'effondrent
pas devant lui.
Le spectacle se termine sur la seule chanson en langue française,
le thème en est la différence raciale. Explicite
pour un public français, même si elle s'inscrit
dans l'esprit de la pièce, ce thème trouve, en
raison de son traitement et de son positionnement dans le déroulé
de la chorégraphie, une résonance bizarrement
appuyée par rapport aux autres aspects précédemment
abordés.
Au final, la pièce a reçu un accueil vraiment
enthousiaste du public, les bravos fusaient et la troupe est
revenue pour une demi-douzaine de rappels. |