Avis aux âmes sensibles, James Delleck est proprement impoli dans L’impoli. Ses premiers mots sont : j’aimerais que tu fermes "Ta gueule" et ses derniers sont pour un "Lapin carnivore".
Certains parleront de lucidité, j’opte pour l’irrespect, l’irrévérence, le mépris, il n’use pas de la finesse du cynisme, scande des "putain" et des "merde" à tour de mots, insulte, bafoue, blasphème, invective… On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. Je sais bien que ce n’est qu’une façade, un personnage qu’il s’est créé, il a bien conscience qu’il dépasse les bornes du civisme puisqu’il se représente avec la trace de ma main sur la joue sur la pochette de son CD.
Quant à ses thèmes, c’est un concentré de mauvais esprit, il y a les gens qui s’acharnent à chanter l’espoir et le futur, et il y a James Delleck qui prouve que le monde est pourri et l’humain à éradiquer, de toute façon "Dieu est un chanteur de Pop" qui n'en a rien à foutre des hommes et amateur de fausses notes.
Entre slam, rap et hip-hop, il ne tergiverse pas et ne fait pas dans le délicat : "t’es belle, t’es bien habillé Oui mais je t’aime pas, t’étais qu’un coup comme ça". A croire que ce type n’a aucune éducation et ne connait pas la finesse et la politesse. Les femmes sont des gonzesses qui chialent, l’amour c’est "S’enterrer vivant", "Le jardin" d’Hitler n’est plus très loin.
Certes, il bouscule les conventions, certes, il pousse Mémé dans les orties, certes, il fait l’éloge de la vulgarité, du mal, des péchés capitaux, il chante comme on crache du venin, il salit, détruit, abîme, écorche, froisse, vexe, bave, souille, à croire qu’il se plaît dans la fange et la boue. Mais au fond, il ne fait que brosser le côté sombre de la vie, de nos vies, de nos maux, de la pire espèce qui sommeille en nous, celle qui prémédite, se venge, triche, manipule, abandonne.
James Delleck est un vrai salaud, c’est clair. La différence entre lui et les autres, c’est qu’il l’assume franchement, le revendique, porte la saloperie en étendard comme certains tuent des innocents. S’il fait mal aux sensibilités, il s’en tape, il pose ses œillères le temps d’un album, arrachant les nôtres d’un geste. Ma naïveté le trouve glaçant, mais il faut bien avouer qu’il n’a pas complètement tort. "Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre". |