Comédie dramatique écrite et mise en scène par Yasmina Reza, avec Emmanuelle Devos, Camille Japy, Louis-Do de Lencquesaing, Micha Lescot et Josiane Stoléru.
Les spectateurs qui affectionnent la "petite musique" de l'écriture de la romancière et auteure dramatique Yasmina Reza et son art de faire du rien avec du rien seront ravis par son dernier opus en date, "Bella Figura", qui met en scène des personnages d'une génération de "bobos" has been de province bordelaise.
Dans un restaurant réputé mais excentré, le hasard met en présence un dirigeant de PME en faillite et sa maîtresse, une préparatrice en pharmacie borderline surmédicamentée, et l'amie de son épouse venue avec son compagnon, un comptable étriqué, pour fêter l'anniversaire de la mère de celui-ci.
Yasmina Reza, qui assure la mise en scène, les pose dans une atmosphère qui hybride celle des "Conversations sur la terrasse", une des séquences de "Palace" , la série télévisée culte de la fin des années 80, et l'iconographie du road-movie étasunien avec projection d'images glauques en noir et blanc et bande-musicale avec un chanteur qui se prend pour Tom Waits.
Tout est posé mais il ne se passera rien que des non-événements, des bribes conversationnelles dénuées de portée dramaturgique dans le néant d'une vacuité intellectuelle sidérante rythmée par le seul ballet des régisseurs.
Josiane Stoleru se délecte de ses brèves répliques de mémée alzheimérisée, Camille Japy campe une vindicative aussi surexcitée que Louis-Do de Lencquesaing est saisi dune hébétude apathique, Micha Lescot n'est pas encore sorti de la clownesque gestuelle d'éolienne arborée dans "Bouvard et Pécuchet" et Emmanuelle Devos dispense un numéro d'acteur en Lolita-Marylin qui brûle ses dernières cartouches pour sortir du back-street.
L'épilogue "On s'imagine que l'armée avance, mais on se fane sur place" est à méditer. |