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Entretien de juillet 2009  (Paris)  2 juillet 200ç

La saison des Master Classes 2008-2009 est achevée mais le public fidèle ne devra pas attendre la rentrée pour retrouver Jean-Laurent Cochet sur les planches.

En effet, il sera tout l'été à l'affiche du Théâtre La Pépinière-Opéra avec "Aux deux colombes " de Sacha Guitry, et jouera également en province, notamment au Festival de théâtre au Château de Terre-Neuve à Fontenay-le-Comte.

Par ailleurs, dès septembre 2009, il sera sur la scène du Théâtre 14, dans un rôle inattendu, dans "Les femmes savantes " mis en scène par un de ses anciens brillants élèves, Arnaud Denis.

Comment se porte le spectacle "Aux deux colombes" de Sacha Guitry que vous avez repris depuis plus d’un mois, et pour tout l’été, à la Pépinière Opéra après plusieurs mois de représentations en 2008 ? Le public manifeste-t-il toujours autant d’enthousiasme ?

Jean-Laurent Cochet : Absolument. C’est ce que l’on espérait mais c’est aussi une bonne surprise parce que nous l’avons beaucoup joué et il y a eu ensuite la tournée, qu’il fait très chaud, que c’est une période où les gens sortent moins. Ca marche bien, il y a beaucoup de monde et le public est ravi. Je crois que nous réalisons les meilleures recettes de l’été au sein des théâtres qui sont encore ouverts. Guitry plait et continue d’enchanter et ses interprètes et son public.

Pour le dernier entretien de la saison, je vous propose une interview un peu "people" mais auparavant il y a quelques personnes et personnalités que vous avez évoquées au cours des Master Classes, qui constituent notre fil rouge, et dont nous n’avons pas eu le temps de parler. Commençons par Pierre Louÿs

Jean-Laurent Cochet : Ah oui Pierre Louÿs. C’est drôle parce que je viens d’en parler avec deux élèves qui sont venus travailler avec moi et nous évoquions "l’affaire Molière" qui est sous les feux de l’actualité littéraire mais qui a commencé avec énormément de tintouin, au début du 20ème siècle, grâce à Pierre Louys qui était un très fin lettré, un homme très cultivé et très érudit, un poète avant tout. Son œuvre dont la plus connue, celle qui l’avait rendu plus notoire, c’est les fameuses "Chansons de Bilitis" dont ensuite Arthur Honegger avait fait une opérette Il était allié, je ne saurai vous dire comment, car c’était une famille tellement curieuse, à la famille de Henri de Régnier et à celle de José de Heredia.

Il était manié à une des ses filles, poète et critique qui avait pris un nom d’homme, Gérard d'Houville, et il était lié à ces mondains de qualité et à tous ces précieux intelligents. Il a fait de très beaux vers qu’on disait beaucoup il y a jusqu’à une cinquantaine d’années quand on a commencé à moins dire de poésie quelle qu’elle soit - sauf la mauvaise - et c’est lui qui a créé un scandale en mettant au jour toutes ses recherches faites à propos de Corneille auteur des pièces de Molière. Et nous en reparlons aujourd’hui avec les nouveaux auteurs qui ont marché sur ses traces.

Mais ce qu’il faudrait, c’est le redécouvrir comme poète. C’était un poète comme il y en avait pas mal à cette époque-là, dans les années 20, Jean Moréas avec Léo Larguier, Paul-Jean Toulet, lui qui est un grand des petits maîtres, de vrais poètes extraits plus qu’issus du symbolisme et du romantisme qui ont fait partie de toutes ces petites écoles des gens d’humour, les mélancoliques humoristes, qui a été une école très fructueuse en France. Pierre Louys est un vrai bel auteur de lyrisme intime.

Faisons un bond dans le temps avec un auteur contemporain que vous citez souvent : Jacques Mougenot

Jean-Laurent Cochet : On pourrait presque dire en ce moment - je dois veiller à n’oublier personne - mais j’ai envie de dire que c’est le seul auteur dramatique qui soit un écrivain en même temps du moment et de sa génération. Il vient d’avoir 50 ans mais pour moi c’est encore de la génération des 40 ans. Certes il y a toujours des gens qui font une pièce dont on dit "c’est pas mal", comme Sébastien Thiéry avec "Cochons d’inde", dont on dit qu’il "fait son métier", qu’il est "doué", dont on dit "à suivre". Mais lui, Mougenot, manifeste un réel talent d’écrivain et d’auteur inventif, original et qui tient le coup, parce que je me suis rendu compte dans plusieurs auditions récemment, quand ils ont fait des lectures pour reprendre la pièce, quand on réentend "La carpe du duc de Brienne", qui était sa vraie première pièce, ça tient admirablement et prouve que c’est déjà un auteur consacré. Et bon comédien en plus.

Lui et son frère travaillent également ensemble et je peux d’ores et déjà parler d’une semaine qui me touche beaucoup au merveilleux Château de Terre Neuve en Vendée, où je vais jouer ma carte blanche tous les ans, à Fontenay-le-Comte. Il s'agit d’une semaine théâtrale qui se déroulera du 20 au 27 juillet 2009, une semaine que l’on peut appeler "cochetienne", qui commencera par deux soirées Luchini avec son spectacle "Le point sur Robert", puis le spectacle des frères Mougenot, "La fourmi et la cigale", ensuite "La jument du roi" de Jean Canolle avec Marina Cristalle, Axel Blind, Jean-Laurent Silvi, mes anciens élèves devenus mes assistants et moi avec ma carte blanche qui comportera notamment des chansons des textes et des histoires. Voilà.

Madeleine Robinson

Jean-Laurent Cochet : Ah oui on pourrait en parler énormément. D’abord ça a été une immense amie à partir du jour où je l’ai connue et puis certainement, et là aussi il faut se méfier de dire la plus grande, car il y a eu de grandes comédiennes dans sa génération. Il y en a eu des grandes mais certainement après Gaby Morlay et Yvonne de Bray et celles qui avaient 20 ans de plus qu’elle, elle a été la plus grande. C’était une femme d’une beauté et d’un tempérament exceptionnel ce qui a fait croire aux gens qu’elle avait mauvais caractère parce que quand on la faisait jouer avec des amateurs elle n’était pas contente et elle le faisait savoir.

En fait c’était une femme d’une grande exigence et qui jouait aussi bien la comédie, je pense à "Adorable Julia" de Marc-Gilbert Sauvageon dans laquelle elle était géniale, aussi bien qu’à toutes les pièces modernes dramatiques qu’elle a créé, comme "La grande fille toute simple" de André Roussin ou "Bonne fête Ester" de Terence Rattigan, et, pour ma part, j’ai eu le bonheur de lui faire jouer Elmire, quand j’ai monté "Tartuffe", rôle dans lequel elle était remarquable.

C’était une comédienne de la grande tradition des Réjane, ces femmes avec des moyens extraordinaires, moyens émotionnels, moyens vocaux, qui savaient ne pas toujours s’en servir qui savaient également jouer en demi-teinte. Elle avait une sensibilité d’une profondeur étonnante, toujours renouvelée. Et en même temps, elle était très intelligente. Il y avait eu une reprise de "Les parents terribles" de Jean Cocteau, mis en scène par Jean Marais, et contrairement à ce qu’on imaginait, qu’elle allait reprendre le rôle de la mère qui avait été joué par Yvonne de Bray - et elle aurait été géniale - elle a repris le rôle de la tante joué par Gabrielle Dorziat dans lequel elle a été extraordinaire parce qu’elle savait manier tous les sentiments. C’est une femme qui a beaucoup souffert dans sa vie sentimentale, elle a aussi été très heureuse, mais naturellement elle faisait partie de ces rares femmes qui sont toujours les plus fortes. Il y a un vers de Lucie Delarue-Mardrus qui dit : "Je ne suis après tout si forte que par la faiblesse d’autrui". Elle a rarement trouvé en face d’elle un homme de sa dimension.

En parlant de dimension, il y a eu aussi Odette Laure, qui mesurait 1m50. Ce n’est pas une question de taille, ni de petitesse, c’est une question d’envergue, d’exigence, d’abondance, de générosité, de sentiment : elles ont toujours un peu la femme qui aimerait pleurer dans les bras de quelqu’un alors que ce sont les autres qui viennent pleurer dans leur giron. Elle en a profité et elle en a fait profiter son art surtout. Elle était devenue tellement exacerbée, déchirée par le mal qui commençait à Paris et autour d’elle. Elle a vu le commencement de ce que nous vivons en ce moment. Elle ne le supportait plus et elle est allée s’installer en Suisse.

Elle revenait de temps en temps pour jouer avec un partenaire qu’elle aimait bien ou une pièce qui lui plaisait. Mais elle jouait surtout là-bas dans les très beaux théâtres à Genève et aux alentours où elle a joué notamment "La visite de la vieille dame" de Durrenmatt. Elle a donc continué sa carrière et également à faire du cinéma jusqu'au moment où, moins bien portante, elle s'est sentie un peu diminuée, ce qui la taraudait beaucoup, jusqu'au moment où, et on peut le dire maintenant, ce qui n'a pas été dit à l'époque, elle a profité de ce que en Suisse, avec l'accord des médecins, et comme ce fût le cas récemment avec Maia Simon, on peut disparaître.

Toute sa vie elle a été une femme, contrairement à l'impression qu'elle pouvait donner dans certains rôles de fougue, une femme d'une grande noblesse d'une grande dignité, de beaucoup d'élégance et de goût. Je ne vois pas qui en ce moment on pourrait lui comparer comme envergure de comédienne. En France, en tout cas, il n'y en a pas. Ce n'est d'ailleurs pas la peine de chercher. Même dans sa génération. Jeanne Moreau c'était différent, ce n'est pas le même emploi, ni le même caractère ni le même tempérament Madeleine s'inscrivait dans la grande tradition des monstres sacrés. On pouvait ka comparer à Magnani en Italie. Et ça il n'y en a plus

Je voudrai vous faire réagir sur l'actualité….

Jean-Laurent Cochet : … vous n'allez pas me parler de Michael Jackson…Je crois, je disais cela à un ami hier, qui me répondait "Tu as peut-être raison", je crois - là aussi je me singularise - c'est pour cela que tout cela m'apparaît un peu disproportionné, je crois que je suis le seul individu, j'ai peut-être entendu son nom en le mélangeant avec un autre, à n'avoir ni vu ni entendu Michael Jackson.

Le sujet est donc clos. Mais il n'y avait pas que lui sur ma liste, un peu nécrologique. Il y avait aussi Roger Planchon.

Jean-Laurent Cochet : Il est mort comme tout le monde. Si ce n'est que Planchon, et c'est toujours à travers soi qu'on situe les individus, m'a aidé quand j'ai compris que j'étais encore dans Comédie Française qui n'était plus la bonne, qui quand je suis allé voir ses premiers spectacles, et je dis bien ses premiers spectacles, m'a fait comprendre ce qu'on pouvait faire d'autre - pas forcément dans l'esprit où il le faisait - mais qu'on pouvait effectivement ne pas rester comme ça, bouche ouverte, devant des classiques tels qu'on les avait vus bien joués et qui n'étaient plus que bien imités ou médiocrement traditionalistes. Il a fait partie de ce qui m'a donné envie de quitter la Comédie Française.

J'ai beaucoup aimé ses premiers spectacles, ses Shakespeare, quand il était très humble et qu'il les montait avec sa compagnie avec des costumes en toile de jute, "en toile de juif" comme disait une habilleuse du Français qui ne pouvait pas dire un mot s'il ne pouvait évoquer quelque chose d'autre pour elle. "Oh Monsieur Cochet il a tendu toute sa loge en toile de juif!" (rires).

J'avais vu et ce qui m'avait énormément séduit, "Les trois mousquetaires" tout cela était très drôle, mais surtout "La surprise de l'amour". J'avais beaucoup aimé et je me suis dit : "Voilà un homme autodidacte mais qui est quand même amoureux des grands textes, qui en a donc une vision très personnelle, mais dans le droit fil de ce qu'avait voulu l'auteur" ; on ne prenait pas le contre-pied automatiquement pour avoir l'air des idées. Il avait des idées spontanément mais nées de l'œuvre, qui ne prenait pas l'œuvre à rebrousse poil.

Ca m'avait énormément séduit comme son "George Dandin". Et puis d'autres choses, mais pas tout, comme son "Tartuffe", le fait qu'il l'ait fait jouer à Françoise Seigner qui a été ma Dorine aussi. Et puis j'avais beaucoup d'estime et de respect pour cet homme-là qui a été beaucoup trahi après par des gens qu'on pourrait dire de son école ou de son style, qui s'inspiraient de lui ou qui revendiquaient d'être des adeptes et qui n'avaient pas le dixième de son talent. Ah oui c'est une belle carrière, un beau parcours théâtral.

Un troisième : Pina Bausch, un nom qui vous parle ?

Jean-Laurent Cochet : Comment vous dire ? Ce n'est pas moi qui vais me mêler de déboulonner les statues. J'avais vu une fois un spectacle de Pina Bausch et je m'étais dit que je n'y retournerai pas. C'est tout. Et je crois que tout ce qu'elle présentait ressemblait effectivement à celui dont je m'étais dit : "Mais où est la danse dans tout ça ?". Alors c'est sûrement moi qui ai, tort puisqu'on enterre, paraît-il, une très grande chorégraphe. Mais cela ne me concerne pas.

Un dernier sujet d'actualité la nomination de Frédéric Mitterrand au poste de Ministre de la Culture.

Jean-Laurent Cochet : Ah ça ! Je suis ravi. Peut-être ai-je tort je l'ai connu et bien approché - il faudra que le lui mette un mot pour le féliciter - il y a une vingtaine d'années, dans les années où j'étais à Hébertot par l'intermédiaire d'une amie personnelle merveilleuse Suzanne Blareau qui était la femme du fameux chef d'orchestre Richard Blareau qui était l'amie d'Edith Mitterrand que j'avais donc approchée et par conséquent Frédéric qui est son fils. Il venait me voir régulièrement à Hebertot et je faisais avec lui beaucoup de ses émissions de télévision que j'aimais comme son livre et ses films. Je me suis toujours trouvé en face d'un homme de goût, d'un homme d'esprit, un homme qui sait admirer qui a de l'humour et du charme. J'avais été très séduit par son personnage.

Quand je disais cela on me répondait : "Ah oui ce monsieur qui est tellement précieux, tellement ceci, tellement cela" ; on l'accablait de toute une série de termes - je ne l'avais jamais connu sous ce jour là - et donc je ne sais pas à qui il a pu se montrer de cette manière-là. Cela ne m'intéresse pas plus qu'on disait de Madeleine Robinson "une chieuse éperdue". Ce qui fait plaisir, je ne sais pas ce qu'il fera au point où en est la culture chez nous, je ne sais pas par quel biais il va arriver à faire ce qu'il a envie de faire, je ne sais ce qu'il a envie de faire, je ne sais pas de qui on va l'accompagner, ce qu'on lui demandera et ce qu'on lui laissera faire ou pas, mais au moins ça fait des années - Aillagon aurait pu peut-être - que c'est la première personnalité artistique qu'on nomme à ce poste depuis..., je n'ai pas un nom qui me vienne, depuis des décennies, de quelqu'un qui s'y connaisse à ce poste-là !

Que ce soit les Toubon, les Lang, les n'importe qui de droite ou de gauche, surtout de gauche pour faire bien ! Ils n'y connaissaient rien. Quant à la dernière n'en parlons pas! On ne savait ce que c'était que ce ministère où il faut s'occuper de tout et de rien sans connaissances, avec l'ignorance crasse des choses, avec des gens complètement snobs, à la mode ne sachant pas. Là je crois quand même - peut-être vais-je être déçu je ne l'espère pas - je vois venir Frédéric avec un grand espoir. A suivre donc !

Voici maintenant les questions futiles, quoi que, du genre "interview pour un magazine féminin pour finir sur un ton léger de mise à la période estivale…

Jean-Laurent Cochet : … vous ne me demandez pas comment se sont passées "Les femmes savantes"?

Je gardai ce sujet pour la fin en pendant à la question première sur les colombes…

Jean-Laurent Cochet : … vous êtes parfaite !

Le spectacle de la saison que vous auriez regretté de ne pas avoir vu ?

Jean-Laurent Cochet : J'en ai vu si peu. Bien sûr "La framboise frivole" mais je les vois chaque fois qu'ils viennent à Paris. Vraiment regretté avec passion en se disant c'est la soirée magique, cela ne me saute pas à l'esprit. J'ai été ravi en tout cas de voir "Cochons d'inde".

Celui que vous regrettez d'avoir vu ?

Jean-Laurent Cochet : Il y en a trop ! (rires). Tous les autres. Sauf "Baby doll" car Mélanie Thiéry et Xavier Gallais y étaient remarquables.

Le film dont vous conseilleriez l'achat en DVD ?

Jean-Laurent Cochet : Il y en a tellement ! Ca a été une année de cinéma merveilleuse! Le premier qui me vient à l'esprit parce que c'est étonnant, il s'agit d'un film français, c'est même un téléfilm : "La journée de la jupe" avec Adjani qui était su-bli-me, contrairement à ma chère Isabelle Huppert que j'ai vu dans un film que j'ai personnellement trouvé minable. Ensuite "Le déjeuner du 15 août" un film italien de Gianni Di Gregorio, "La vague" un film allemand de Dennis Gansel, le film de Clint Eatswood "Gran Torino" qui est un chef-d'oeuvre, le film avec Brad Pitt et leurs partenaires. Ah j'en oublie certainement même parmi les meilleurs.

Et pour ma part, j'ai eu le bonheur de voir toute une série de films de style que je n'avais jamais vu de ma vie parce que ce n'était pas par ça que j'étais attiré et parce que je n'avais pas le temps, qu'un ami m'a fait découvrir mais avec passion, avec adoration : toute la série des films avec Sylvester Stallone. Pour moi c'est immense à tous points de vue et puis certains films pas réellement de science-fiction, qui est un genre pour lequel je suis toujours un peu sur la défensive, mais des films comme le dernier Batman "Batman the dark night" pour Heath Ledger, qui est peut-être pas son dernier rôle mais son avant dernier, qui est merveilleux.

Donc "Le déjeuner du 15 août" et "La vague", les autres ont fait un énorme succès. Mais il y a des choses à voir en ce moment ou qui vont sortir : un dessin animé japonais "Ponio", un dessin animé "L'âge glace 3", le premier film américain de Marion Cotillard, "Public Ennemies" avec Johnny Depp, "Jeux de pouvoir" de Kevin Macdonald qui est sorti hier et que j'ai envie de voir ce que donne un film français à petit budget - qui sont parfois les meilleurs - "Dans tes bras" de Hubert Gillet et dans un premier rôle plutôt dramatique Michèle Laroque. Et puis le Woody Allen "Watever Works" ; dès que j'ai deux heures j'y cours.

Le disque qui est sur votre platine.

Jean-Laurent Cochet : Il y en a un qui est sur ma platine tous les soirs, c'est la musique de scène de "Aux deux colombes" qui est le quintet de "La retraite des français à Madrid" de Boccherini. Chaque thème est une marche de plus qu'on monte vers le paradis. C'est extraordinaire d'élégance et de jubilation. Sinon, je vais certainement avoir très vite car un grand ami à moi mon éditeur m'a dit qu'on venait de ressortir les cinq derniers leaders par Teresa Stich-Rendall

Votre livre de chevet et votre livre du moment.

Jean-Laurent Cochet : Oh le livre de chevet : je ne vais pas répondre la Bible comme on le répond souvent, même si c'est vrai. Je suis toujours entouré par 3 ou 4 Georges Haldas qui sont à portée de ma main car c'est définitivement mon grand homme. Donc comme livre du moment j'ai "Vertige du temps" qui est un de ses derniers livres et… et puis voilà.

Si je vous disais que va être inséré un jour fictif supplémentaire? à l'instar de la 25ème heure lors du passage à l'heure d'été, qu'en feriez-vous ?

Jean-Laurent Cochet : J'attendrai de voir ce que j'ai envie d'en faire, j'attendrai de voir si je me lève plus tôt ou plus tard que d'habitude, je prendrai mon petit déjeuner - qui n'est pas vraiment un petit déjeuner puisque je ne prends qu'un thé le matin - je ferai mes mots croisés si les journaux paraissent ce jour supplémentaire, je regarderai s'il y a des choses à voir au cinéma et puis je ferai ce que je fais d'habitude. A moins qu'une fée ne m'emmenât sur un tapis volant en douze heures sinon en 24 à Venise.

Vous lisez dans mes pensées car la question suivante était ainsi libellée : Si je vous disais que je viens demain vous chercher à 8 heures pour passer la journée dans le lieu de votre choix où irions-nous ?

Jean-Laurent Cochet : A Venise sans hésiter même s'il y a d'autres endroits où aller mais je ne peux pas avoir envie d'aller ailleurs qu'à Venise. Vous me direz les heures de vol….

… pas de souci je connais les horaires d'Air France par cœur et c'est faisable en une journée pour prendre….

Jean-Laurent Cochet : … le petit déjeuner au Florian. Et puis ce qui est toujours faisable est de rater l'avion le soir (rires)… et d'ajouter une deuxième journée supplémentaire. C'est cela la vraie féerie. Et cette deuxième journée supplémentaire étant prise, c'est logique, sur une des journées de la semaine qui suivrait (rires). Oh c'est beau de rêver ! Mais ce que vous me demandez ne me surprend pas du tout. "Mon amie, ma sœur, viens goûter la douceur d'aller là-bas vivre ensemble là tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté".*

Ou alors, c'est un privatif joker mais je tiens à ce qu'on le dise, il n'y a sûrement que 2 ou 3 personnes qui comprendront parce que ça ce n'est pas facile à faire dans la journée mais on se démerderait pour avoir des avions supersoniques et j'irai passer cette journée supplémentaire à La Réunion. Point à la ligne.

Revenons à la réalité et à l'actualité avec "Les femmes savantes".

Jean-Laurent Cochet : Avant tout "Les femmes savantes" dans la mesure où les deux colombes c'est la suite de quelque chose, c'est le bonheur du jour, c'est l'actualité. Mais le fait d'avoir fait une incursion la semaine dernière au Festival d'Anjou avec cette pièce que nous venions de répéter pendant un mois pour la jouer une fois sachant qu'on allait la reprendre en septembre et en octobre 2009 au Théâtre 14, c'est devenu la chose, sinon la plus attractive, du moins la plus accaparante. Cette soirée en Anjou a été divine parce qu'elle s'est déroulée par un temps exquis. On n'a eu ni le cagnard qui peut être épouvantable quelquefois ni la pluie qu'on redoute tant. C'était absolument délicieux. Ca s'est passé devant 1 700 personnes qui avaient l'air aussi ravies que nous.

Le spectacle s'est très bien déroulé et il a été accueilli avec beaucoup d'enthousiasme et ma prestation féminine (ndlr : dans le rôle de Philaminte) a été agréée. Ce qui est amusant, c'est naturellement à mon entrée en scène, même pour ceux qui savaient, et les gens le savaient et c'est pourquoi ils venaient en grande partie, il y a eu l'effet de surprise de voir que je sois une dame tellement crédible ressemblant plus à Françoise Rosay et à Françoise Seigner qu'à Brigitte Fossey naturellement. Donc première surprise et puis aaah applaudissements et nous avons continuer la pièce.

J'avais vraiment l'impression autant qu'eux que je jouais un rôle parmi d'autres, qu'au lieu d'être un prêtre ou un salaud ou un enfant de choeur ou un professeur de maintien, j'étais une bourgeoise érudite. Ce qui m'a fait plaisir c'est que les gens qui m'en ont parlé après, des amis mais aussi d'autres personnes, m'ont dit que ce qui était agréable c'est que c'était sans aucune ambiguité. Ce n'était pas du tout burlesque pour qu'un monsieur joue une dame, et il ne faut pas oublier que c'est un homme qui l'avait crée avec Molière, le comédien Hubert, sans le côté "je joue une dame donc je fais la folle", sans outrance particulière, sans réelle composition sinon que j'étais maquillé et que je portais une perruque et une robe. Mais ce sont des rôles tellement riches, tellement abondants, comme chez tout grand auteur, que ce soit Molière ou Corneille, c'est pourrait-on dire bisexuel d'une certaine manière. Oui ça s'est merveilleusement passé .

Le bonheur est de se dire que maintenant on va le jouer dans une plus petite salle, ce qui va être agréable de ne pas avoir - ce n'est pas qu'on transpose ça fait partie de notre métier - à respirer tellement plus large, à soutenir les moyens en plus parce que c'était en plein air. Donc cela va être beaucoup plus souple, beaucoup plus aisé, beaucoup plus payant encore. Nous allons répéter à partir du 1er septembre et les représentations commencent le 8 septembre pour deux mois.

Le fait de jouer ce rôle vous a apporté un regard nouveau sur la pièce ?

Jean-Laurent Cochet : Non cela ne m'a rien appris de plus si ce n'est que j'ai le bonheur d'être dirigé par mon ancien élève, le merveilleux Arnaud Denis, qui m'a très bien guidé et m'a précisé certaines choses. Ca ne m'a rien appris sur les personnages car ce sont des pièces que je connais depuis si longtemps, que j'ai vu si souvent bien ou mal jouées, que j'ai si souvent indiquées. Non c'était le plaisir simplement de parler en son nom. Et c'était très agréable et comme je l'ai dit à Arnaud Denis qui est venu voir "Aux deux colombes" hier soir, c'est drôle parce qu'à certains moments, alors que je joue le rôle d'un homme dans cette pièce, je me disais que c'est drôle de jouer en homme. Parce deux jours auparavant j'avais joué un rôle de femme et que cela m'était apparu comme une chose absolument évidente.

Et le fait d'être dirigé par un de vos anciens élèves ?

Jean-Laurent Cochet : J'avais un peu l'impression d'être dirigé par moi-même à travers la voix d'un autre. Parce que c'est un remarquable directeur de comédiens qui fait faire d'énormes progrès aux gens de toutes générations. Il sait leur parler, il a des idées très justes, très fidèles à l'auteur et très personnelles en même temps. Il y a des choses où il a, non pas des innovations ou des trouvailles comme on passe le temps à le dire, mais une vue un peu plus aiguë et il indique très bien. Il manœuvre très bien sa troupe et, de plus, il fait cela avec autant de fermeté que de courtoisie ; il est très psychologue. Ca a été un vrai bonheur et c'est une équipe tout à fait délicieuse.

Vous les connaissiez déjà car la plupart est issue de votre cours ?

Jean-Laurent Cochet : Oui. Beaucoup sont d'anciens élèves, tels Elisabeth Ventura, Alexandre Guansé et le petit Stéphane Peyran. Puis j'ai retrouvé Anne-Marie Mailfer et Jean-Pierre Leroux qui est remarquable dans Chrysale, Nicole Dubois qui est une exquise comédienne, et un homme que je ne connaissais pas Bernard Métraux.

Ce qui vous réjouit le plus pour les trois mois à venir, trois mois avant la reprise des Master Classes en octobre ?

Jean-Laurent Cochet : Elles reprennent en octobre ? Ah oui, ce sont les cours qui reprennent en septembre. Mais c'est vrai que je me repose entièrement sur Pierre Delavène qu'il faut re-citer une fois de plus. Il faut lui rendre hommage car il est exceptionnel. Il s'occupe de tout admirablement, il a des initiatives, des fidélités, des inventions - c'est grâce à lui que nous allons faire un échange avec un cours américain pour la saison prochaine – et il s'occupe de tous mes spectacles de l'été. Ainsi nous allons rejouer la "Correspondance inattendue" au Château de Montardy. Il est partout avant moi, avec moi, il conçoit tout, réinvente tout, s'occupe des cours et de la compagnie. C'est Protée sans oublier son talent de comédien. C'est mon mentor !

Pour moi en ce moment je peaufine, et il faut que j'ai fini pour la fin de la semaine, ma carte blanche pour la Vendée. J'y tiens énormément parce que je vais retrouver Philippe Davenet, mon pianiste, puisque cette carte blanche comportera tout un volet "chansons" dans lequel je reprendrai beaucoup de celles que je chantais dans mes "poétiques".

Sinon le gros travail pour ces mois à venir - et j'allais presque l'oublier parce que c'est le tissu de mes journées - c'est la correction des épreuves de mon troisième livre qui va paraître en janvier 2010 et que j'ai écrit avec Jonathan Ryder qui est reparti pour plusieurs mois à La Réunion… suivez mon regard…qui le corrige également et, grâce à toutes ses machines que possèdent Pierre et Olivier Leymarie, ce sont des échanges journaliers. C'est mon pain quotidien et voilà mon été.

Un gros travail et un vrai plaisir ?

Jean-Laurent Cochet : Une ivresse ! L'enjeu du livre c'est l'art du comédien avec une galerie de grands personnages du théâtre classique dont je dénonce de mauvaises interprétations ou de mauvaises conceptions en racontant comment moi je les ai joué. Son sous titre sera "Comme un supplément d'âme" et le livre sera signé par Bibi Fricotin et Jonathan Ryder.

Ce sera comme vos deux livres précédents un mélange d'histoire du théâtre et d'autobiographie ?

Jean-Laurent Cochet : Le cœur du livre est constitué par la galerie de personnages du répertoire mais il comportera des échappées biographiques.

Donc rendez-vous en janvier 2010 dans les kiosques pour le découvrir.

 

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L'entretien de janvier 2009 avec Jean-Laurent Cochet

En savoir plus :

Le site officiel de Jean-Laurent Cochet

Crédits photos : Laurent Hini (Plus de photos sur Taste of Indie)


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# 28 avril 2024 : Une sélection hebdomadaire fraiche comme le printemps

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Du côté de la musique :

"Edgar is dead" de Edgar
rencontre avec Johnny Carwash qui était en concert avec TV Sundaze à Saint Etienne
"J'irais ailleurs" de Les Soucoupes Violentes
"Sublimer" de Marine Thibault
"For once" de Mélys
"Tu sauras pas quoi faire de moi" de Olivier Marois
"Boomerang" de The Darts
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die

Au théâtre :

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"Capharnaüm, poème théâtral" au Théâtre de la Cité Internationale
"Jean Baptiste, Madeleine, Armande et les autres" au Théâtre Gérard Philipe
"Majola" au Théâtre Essaïon
"Mon pote" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Tout l'or du monde" au Théâtre Clavel
"Dans ton coeur" au Théâtre du Rond Point
"Du pain et des jeux" au Théâtre 13 Bibliothèque
"Vernon Subutex" au Théâtre des 2 Rives
"37 heures" au Théâtre la Flèche
"Fantasmes" au Théâtre La Croisée des Chemins

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
des reprises :
"Rembrant sous l'escalier" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala
et toujours :
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"C'était mon chef" de Christa Schroeder
"L'embrasement" de Michel Goya
"Nouvelle histoire d'Athènes" de Nicolas Simon

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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