Réglons une petite méprise. De saxophones, il n’en est pas question ici ou pas vraiment question. Il faudra attendre le cinquième titre, "Just Give up" pour en entendre. Ce n’est pas grand-chose mais c’est toujours préférable de le rappeler surtout si vous vous attendiez à une sorte de tribute band rendant hommage à des grands airs de saxophone jazz.

Vous trouverez quand même quelques traces de jazz (dans le phrasé de la flûte, dans les accords mineurs…) mais cachées derrière une dreampop minimaliste, une surf music contemplative jouée par Alexi Erenkov (guitare, saxophone et chant) et Alison Alderdice (batterie et chant), couple sur scène comme à la ville. Ce n’est pas une précision pour alimenter les potins mais c’est Alexi Erenkov qui précise que "L’amour est le facteur déterminant lorsque vous choisissez les membres de votre groupe (…). Je voulais partager ce groupe avec elle, d’autant que j’aurais été dévasté de partir en tournée sans elle". Il ne faudra pas oublier Richard Laws qui assure les parties de basse et de vibraphone.

Les titres de ce premier album ont été composés dans la baie de San Francisco à bord du bateau dans lequel vivait le couple, au cours d’un hiver pluvieux. C’est peut-être pour cela que cette musique cultive autant le spleen et un doux balancement. Une musique d’un calme olympien, avec un lyrisme cristallin tout en retenue, avec ces faux airs de ne pas y toucher, d’y aller du bout des doigts, de ne pas faire de mal.

La seconde moitié du disque avec des titres comme "Mysteries Revealed", "Alone Again" ou "Work Music" possède d’indéniables charmes plus piquants (et forcément plus intéressants). On retrouve quelques réminiscences d’exotica, de musique hawaïenne des années 1950 ou de jazz west coast. Erenkov a étudié le saxophone, la flûte traversière (et cela s’entend !), l’analyse, la théorie et l’arrangement dans la musique jazz, et considère son album comme "un hybride de l'amour que j'ai pour le jazz et de l'amour que j'ai pour de simples expressions plus simples et directes". Un disque idéal pour flemmarder, lézarder au soleil mais somnoler dessus serait une hérésie...