Monologue tragi-comique de Matéi Visniec interprété par Salvatore Caltabiano dans une mise en scène de Serge Barbuscia. Un homme ordinaire en costume cravate noir et chemise blanche sort d'une grande caisse en bois telle celle utilisée pour le transport industriel.
Elle constitue un extravagant logis polysémique : espace mental, chambre de réclusion pour un timoré au point où ses organes anthropomorphisés - du moins son coeur et son appendice sexuel - partent en cavale pour enfin vivre leur vie, ou boîte à fantasmes.
Au spectateur de lâcher prise avec la rationalité pour découvrir une histoire d'amour singulière à plus d'un titre, dont celui de cet opus monologal "Comment j'ai dressé un escargot sur tes seins" signé par l'écrivain et dramaturge d'origine roumaine Matéi Visniec qui, à l'instar des écritures de la Mitteleuropa, hybride le poétique, l'absurde, le burlesque et l'onirisme, en l'espèce sur le thème de la folie amoureuse.
Car le protagoniste ne prend pas les choses à la légère en offrant son coeur à Madame puisqu'il le dépose physiquement sur la table tout comme la passion pour Madame s'accomplit par la fusion réelle des corps. Quant à l'escargot, il ne joue pas l'arlésienne. Prénommé Basile, il constitue la tête (sic) de pont avancée pour satisfaire au rite des préliminaires. Sous la direction éclairée de Serge Barbuscia, et avec quelques ponctuations musicales de Eric Craviatto, le comédien Salvatore Caltabiano s'empare avec fougue de cette partition surréaliste pour dispenser une prestation virtuose.
|