J.R. Dos Santos est un journaliste, reporter de guerre et présentateur vedette du 20h au Portugal depuis plus de vingt-cinq ans. Il est aussi l’un des plus grands auteurs européens de thrillers. Avec sa saga Tomas Noronha qui compte aujourd’hui sept volumes et qui s’est traduite en dix-huit langues, il s’est fait connaître en France avec La formule de Dieu, vendu à près de 500.000 exemplaires. Il revient aujourd’hui avec son premier roman historique traduit en français, L’homme de Constantinople, publié aux éditions Hervé Chopin.
L’ouvrage que nous propose l’auteur portugais est inspiré de la vie Calouste Gulbenkian, un mystérieux arménien qui a régné sur le monde du pétrole et de l’art à la fin du 19ème siècle jusqu’au milieu du 20ème. Il relate le parcours extraordinaire de ce mystérieux arménien qui a changé le monde.
Alors que l’empire Ottoman s’effondre et que les arméniens se retrouvent persécutés, la famille du jeune Calouste décide de se réfugier à Constantinople. Le jeune garçon, déjà connu pour son intelligence hors du commun, est émerveillé par la capitale du Bosphore et se pose pour la première fois la question qui va le poursuivre toute sa vie : qu’est-ce que la beauté ?
A cette époque, il ne sait pas encore qu’il va bientôt régner sur le monde naissant du pétrole, devenir l’homme le plus riche et le plus puissant de la planète et le plus grand collectionneur de tous les temps.
Les amateurs des ouvrages de Dan Brown n’auront aucun mal à se retrouver avec ce livre de Dos Santos s’ils ne connaissent pas déjà cet auteur. De mon côté, mon goût prononcé pour l’histoire que j’enseigne et les ouvrages historiques que je chronique régulièrement font que vous ne serez pas surpris d’apprendre que cet ouvrage m’a beaucoup intéressé.
Je ne connaissais pas l’histoire hors du commun de cet arménien et j’avoue que cette biographie romancée est assez remarquable, permettant au lecteur d’appréhender une partie de l’histoire de l’Empire et de la Turquie. Il relate aussi les relations conflictuelles entre les Turques, les Bulgares et les Arméniens qui aboutiront au génocide de ces derniers en 1915. Il traite aussi de la révolution russe de 1905 et du commencement de la Première Guerre mondiale.
Très vite, le jeune Calouste saura se rendre compte que la découverte de l’huile de pierre, le pétrole, sera une source de progrès et d’enrichissement. Le pétrole qui sera aussi au cœur de la seconde révolution industrielle en Europe avec d’autres sources d’énergie comme l’électricité. Le pétrole qui ensuite aura un rôle géopolitique majeur, que l’on retrouve encore aujourd’hui.
Calouste fut aussi un collectionneur d’art incontournable de l’époque possédant de nombreuses œuvres d’art, notamment des peintures célèbres de grands artistes. Il offrit d’ailleurs sa collection à un grand musée portugais qui aujourd’hui porte son nom.
Alors voilà, le dernier ouvrage de l’auteur lusitanien s’avère donc être un grand roman historique sur un personnage méconnu au destin hors-norme qui traverse les soubresauts de l’histoire tout en profitant aussi. Homme d’affaires intraitable mais aussi grand amateur d’art, on connaîtra la suite de sa vie dans un nouvel ouvrage, Le millionnaire de Lisbonne (qui sortira en 2020). Cela sera l’occasion de connaître la fin de sa vie dans une histoire toujours tourmentée avec le génocide arménien, la crise des années 30 et la Seconde Guerre mondiale. |