Anti pièce d'Eugène Ionesco, incendiée par Arnaud Denis et consumée par Géraldine Azouelos, Caroline Clerc, Arnaud Denis, Florence Fontaine, Jean-Pierre Leroux et François Mougenot.
Dans un monde bourgeois pétri de conventions et déliquescent, des personnes dépourvues d'affects, sont atteintes d'un dérèglement tellement profond du comportement et du langage qu'ils finissent par sombrer dans l'infantilisme. Deux couples, un pompier et une bonne. De cantatrice point, même chauve. Les Compagnons de la Chimère montent au Théâtre Clavel "La cantatrice chauve" pour, annoncent-ils, "ne plus la coiffer tout à fait de la même façon". Et bien, pari gagné, il faut bien reconnaître que ça décoiffe !
La fameuse arlésienne d'Ionesco se retrouve avec, façon de parler, des dreadlocks, non pas qu'elle ait viré rasta mais simplement parce qu'elle bénéficie d'un sacré lifting.
Les comédiens sont époustouflants dans un exercice qui est loin d'être aussi aisé qu'il y paraît, restituer le sens profond du texte qui repose en la forme sur une dichotomie entre la sémantique et la syntaxe.
Loin du théâtre de distanciation, ils nous proposent, sous la houlette d'Arnaud Denis, une variation très réaliste, voire hyper-réaliste, d'un pièce qui ne comporte ni histoire, ni intrigue, ni logique. Et ils réussissent le "tour de prestidigitation" dont parlait Ionesco : "Le passage du burlesque doit se faire sans que le public s'en aperçoive. Les acteurs non plus peut-être, ou à peine". Chapeau bas !
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