C’est toujours un plaisir que celui de découvrir un nouvel auteur. Ici, c’est le titre de l’ouvrage qui m’a donné envie de lire cet ouvrage, comme quoi un titre c’est important parfois. Souvenirs du rivage des morts, un titre pour moi qui mêle étrangeté et curiosité.
Ma curiosité a bien fait les choses, Michaël Prazan ne sera plus un inconnu pour moi. Cet écrivain, journaliste et réalisateur de documentaires est un passionné d’histoire contemporaine (tiens donc, comme moi) qui s’intéresse aux mouvements radicaux des années 70 et qui a vécu deux ans au Japon. Tout cela se retrouve dans son troisième roman, un ouvrage intense qui entremêle, avec une grande subtilité, à la manière d’un polar politique, le récit tendu des souvenirs d’un activiste de l’armée rouge japonaise des années 1970 et l’évocation poétique de son présent à Bangkok.
M. Mizuno coule une retraite heureuse après une vie sans histoire. Du moins, c’est l’image qu’il s’applique à donner sous son patronyme d’emprunt. Car son vrai nom est Yasukazu Sanso, activiste de l’armée rouge japonaise qui, dans les années 1970, a tué plusieurs fois de sang-froid.
La rencontre fortuite, dans les couloirs d’un hôtel à Bangkok, avec un allemand de sa génération va déclencher la mécanique implacable du souvenir. Comment cet étudiant en quête d’idéal s’est-il laissé embrigader dans les mouvements universitaires de la fin des années 1960 ? Comment, à la suite des dérives d’une organisation se livrant aux purges insensées et aux meurtres collectifs, a-t-il fini par rejoindre les camps d’entrainement palestiniens au Liban, dans l’espoir de prouver qu’il est un vrai communiste ?
On voit bien au travers de la lecture de cet ouvrage que l’auteur est un passionné de l’histoire du Japon mais qu’il connaît aussi très bien tout ce qui touche aux mouvements terroristes. L’ouvrage, pour moi qui aime l’histoire relate parfaitement toutes les atrocités commises par le terrorisme japonais (au travers du vieil homme et de son passé), les méthodes particulièrement violentes de l’armée japonaise et toutes les ramifications internationales du terrorisme dans les années 1970.
Superbement écrit et parfaitement construit autour d’un double récit sur deux temporalités, Michaël Prazan a dû fournir un énorme travail de recherche avant de pouvoir écrire cet ouvrage. Très bien documenté, la note de fin d’ouvrage nous rappelle que les faits relatés dans le roman sont véridiques et que seuls quelques personnages sont fictifs, fortement inspirés néanmoins par de vrais terroristes avec qui l’auteur a pu s’entretenir comme Hans Joakim Klein.
Entre Bangkok, Tokyo, Rome, Paris, le Liban ou encore Lahaye, l’auteur nous livre ici, avec une acuité psychologique, un roman haletant sur la grande époque du terrorisme international des années 70.
Edition du 1er avril, certes, mais cette édition est garantie sans blague idiote et/ou de mauvais goût. Voici donc le programme de notre sélection culturelle de la semaine. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.