De retour au Nigéria, une semaine après y avoir déjà été avec le très beau La saison des fleurs de flamme, c’est fou comme la littérature peut nous faire voyager sans trop dépenser d’argent. Ici, c’est la plume de Chinelo Okparanta que je viens de découvrir, une jeune nigériane vivant aux Etats-Unis depuis ses dix ans qui vient, avec son premier roman, renforcer la jeune génération d’écrivains venus d’ailleurs.
Comme dans La saison des fleurs de flamme, c’est aussi autour d’une histoire d’amour interdite que tourne l’histoire de ce roman. L’histoire se passe en 1968 au Nigéria, pays à l’époque confronté à la terrible guerre du Biafra, restée dans toutes les mémoires. Des milliers de morts, des ethnies qui s’affrontaient et se déchiraient et une population qui sombra rapidement dans le désespoir et la pauvreté au cours de cette guerre civile.
Au cœur de cette violence inouïe et des nombreux massacres se trouve la jeune Ijeoma qui va tomber éperdument amoureuse d’Amina. Rapidement, leur relation va être découverte de leurs proches qui vont unanimement lui signaler que cet amour est criminel, interdit aux yeux de Dieu. Pour Ijeoma, un choix se dessine alors : se cacher et suivre ses désirs ou bien alors s’oublier et jouer le rôle que la société nigériane lui impose.
Alors comme pour La saison des fleurs de flamme qui traitait d’un amour interdit entre une vieille femme et un jeune brigand, Sous les branches de l’Upala nous dresse aussi un portrait sans concession de cette société nigériane cloisonné qui ne comprend la possibilité d’aimer une personne du même sexe et qui va encore plus loin puisque ce genre de relations est même pénalement interdite.
L’auteure, je trouve, contextualise bien l’époque racontée à partir de quelques chapitres historiques qui permettent au lecteur de bien comprendre ce pays sans qu’on ait l’impression de lire un livre d’histoire. L’histoire de la jeune fille, Ijeoma, elle, est superbe, faite d’abandon (sa mère) et de décès (son père), de rencontres importantes (Amina) et de difficultés.
Chinelo Okaparanta nous propose en fait avec son ouvrage plusieurs histoires dans l’histoire. On y trouve l’histoire d’une mère et de sa fille, compliquée, marquée par l’abandon puis les reproches. On y trouve aussi l’histoire de l’amour interdit entre deux jeunes femmes qui doivent se cacher des autres pour vivre leur amour et enfin l’histoire d’un pays autour de la guerre et de la religion.
Alors du coup que dire de plus sinon que j’ai beaucoup aimé cette lecture qui vient faire miroir à ma lecture précédente issue d’un autre auteur nigérian. Je suis passé par plusieurs sentiments à la lecture de cet ouvrage, entre révolte vis-à-vis du sort réservé aux homosexuels au Nigéria et espoirs quant au message d’amour délivré par l’auteure.
Sous les branches de l’udala est donc une charmante surprise pour cette rentrée littéraire des éditions Belfond qui confirme que le Nigéria, à défaut d’avoir une société ouverte sur le monde et ses évolutions commence à devenir un vivier d’écrivains talentueux. |