Délicat de chroniquer un des groupes qui fait partie de sa propre construction musicale.
D'autant plus délicat que Bauhaus n'a pas sorti d'album depuis 1983. Alors on se dit que, de toute façon il sera soit très bon, soit très décevant, mais où sera la part d'objectivité ?
Puis, le disque arrive d'outre tombe (la loge de ma gardienne en fait) Déjà l'objet est magnifique, bon allez, assez bavé, direction le lecteur CD et là … waow.
Dés l'introduction tout est là, comme si les quatre inventeurs du style Batcave (rien à voir avec la chauve souris milliardaire, quoi que ...) sortaient la suite de Burning from the Inside, sans cette absence de plus de vingt ans.
Tout le décorum est là. Le son de guitare tranchant comme l'outil de la grande faucheuse, de Daniel Ash, dont le nom va comme un gant à ce jeu de guitare, affûté et coupant net le passé musical, pour mieux se le réapproprier. La basse de David J, ronde et sombre est toujours aussi efficace. Tantôt bondissante, tantôt tellurique, elle creuse un peu plus profond à chaque note. La frappe de Kevin Haskins, parfaite et toujours à point nommé, rythme la déferlante, annonçant le ragnarök. Enfin,Peter Murphy, chanteur inspiré, à la voix glaciale à faire flipper les plus endurcis.
Puis il y a tout l'habillage, les arrangements telles ces cloches sur "Saved" ou ce synthé à la sonorité si particulière sur "Undone", un poil désuet, voire ridicule, comme si il avait été exhumé d'une nécropole des années New Wave.
"Too Much 21st Century" sonne comme un tube, tel que sait le faire ce quatuor anglais, si peu tranquille, un véritable exercice de style. "Endless Summer of the Dead" est aussi à retenir, hurlé plus que chanté, ce titre, au nom à rallonge, rappelle tout le talent de composition et de rage que peuvent invoquer Peter Murphy et ses sbires.
Autre titre tubesque, "Black Stoned Heart", simplement irréprochable dans le genre. Enfin, je vous recommande une écoute attentive à "The Dog's a Vapor".
La mauvaise nouvelle est l'annonce faite par le groupe de leur séparation définitive, éloignant ainsi toute possibilité de tournée, quelques jours après l'annonce de la sortie de cet album. Les 18 jours nécessaires à l'enregistrement, auront vraisemblablement été trop durs à (se) supporter. "I come with this darkness and go away white"
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