"C’est la règle de la vie citadine (...) les éléments les plus hétéroclites s’y heurtent. Parce que, voyez-vous, tout est lié."
Londres, au milieu du siècle dernier c’est là où tout commence. Trois frères nés le même jour à une année d’intervalle chacun. Trois frères, trois destins, trois histoires que l’on pourrait croire éloignées et pourtant si proches, si mêlées.
Peter Ackroyd nous promène dans un Londres aujourd’hui disparu, des beaux quartiers aux plus malfamés, Londres véritable quatrième frère de cette histoire. Autant de quartiers avec autant de populations différentes, des hommes riches, des classes moyennes, des pauvres, bref tout ce qui compose une ville.
Une histoire qu’aucun des personnages n’arrive vraiment à saisir, à comprendre. C’est à nous lecteurs, que Peter Ackroyd donne toutes les clés, tous les secrets. S’il place précisément ces personnages dans la ville, on pourrait presque organiser une visite des lieux dépeints dans le roman, il explose la temporalité, entre deux chapitres il peut y avoir deux minutes, deux ans ou bien parfois on ne sait pas. C’est une des force de ce livre, se concentrer sur l’histoire et ces personnages, ce fameux destin croisé entre trois frères qui, sans le savoir, vont tous avoir à faire pour des raisons diverses à un marchand de sommeil. Comme sur une piste de danse, les personnages évoluent sans se toucher et nous les regardons faire, nous évaluons leur pas, leur chorégraphie. Nous savons que fatalement ils finiront par se frôler, se heurter, c’est inévitable, et pourtant page à page, nous continuons à palpiter. Tout paraît simple, tout est limpide, comme l’écriture, alors qu’il n’est question que de scandales politiques, sexuels, immobiliers, familiaux...
Peter Ackroyd nous offre un merveilleux puzzle fait de quartiers londoniens, de personnages plus ou moins attachants, et l’on prend à vrai plaisir à se perdre dans les rues pour assembler toutes les pièces, pour tout lier. |