Tiken Jah Fakoly est aussi calme et posé en conférence de presse qu'il est virbionnant et exultant sur scène. Mais le discours de l'apôtre du reggae africain reste extrêmement clair et déterminé.
Que pensez-vous de la position de certains artistes reggae qui manifestent leur hostilité à l'encontre de l'homosexualité ?
Tiken Jah Fakoly : Ces prises de position sont contraires à l'esprit même du reggae. Le reggae a tellement de choses à dénoncer et de combats à mener aujourd'hui. Dire en concert qu'il faut brûler les homosexuels c'est choquant.
Quel message vous direz-vous faire passer aux jeunes d'Afrique ?
Tiken Jah Fakoly : Le message c'est de se réveiller ! Chaque africain a perdu quelqu'un de sa famille mais on n'en parle pas. Je dirais donc à tout le monde de se réveiller, que le sida est une réalité, et d'utiliser les préservatifs.
Comment êtes-vous perçu par les pouvoirs publics africains ?
Tiken Jah Fakoly : Je pense que mon message est fort et entendu. Les politiques et les intellectuels ont échoué donc on écoute les artistes qui peuvent faire changer beaucoup de choses en Afrique. Des artistes comme Youssou n'Dour sont ne contact avec le gouvernement de leur pays.
Pour ma part, c'est le contraire, car je suis en guerre depuis des années contre les différents gouvernements qui se sont succédés dans mon pays car on n'a pas écouté. Je veux bien apporter ma contribution aux politiques à condition qu'il s'agisse d'un gouvernement élu démocratiquement et qui prenne des mesures en faveur du peuple.
Je ne veux pas cautionner autre chose. On me demande souvent si je souhaite être ministre un jour. Je réponds "Non" car je suis artiste. Par contre, j'accepterai un rôle de conseil à la seule condition d'être écouté car actuellement les conseillers ne remplissent pas leurs rôles. Ils occupent simplement un poste qui est créé pour faire plaisir à un ami.
Qu'en est-il de votre groupe
Djelys ?
Tiken Jah Fakoly : J'ai crée le groupe en 1989 dans mon petit village. Mais certains sont partis et d'autres ne pouvaient pas me suivre en France. Donc pendant 2-3 ans j'ai fonctionné avec 2 groupes, un à Abidjan pour les concerts en Afrique et l'autre pour la France et le reste du monde.
Depuis la sortie de l'album Coup de gueule, j'ai décidé de n'avoir qu'un seul groupe. Il s'appelle
Djelys. J'ai eu 2 expériences avec les Black Uru qui se sont bien passées.Je ne sais pas si je vais travailler avec eux sur le prochain album car j'ai moi-même monté un studio à Bamako.
Mon souhait est que le reggae africain fasse parler de lui dans le monde. Si je joue avec
Sly & Robbie il faut que je puisse les faire venir en Afrique plutôt que d'aller en Jamaïque. Est-il difficile de maintenir un groupe en Afrique actuellement ?
Tiken Jah Fakoly : Oui, c'est très difficile car il n'y a pas beaucoup de concerts. Depuis que j'ai un peu de notoriété, je fais 8 mois de l'année en France, hors de l'Afrique. Nous organisons nous-mêmes les concerts en Afrique et donc il faut disposer de temps et d'argent pour payer les musiciens.
En revanche, en France, nous sommes très occupés. En juillet nous ferons 15 concerts ! Nous ferons pratiquement tous les festivals français sauf les Eurockéennes. Nous ne ferons beaucoup de concerts jusqu'à la sortie du prochain album en 2006.
A Solidays, à quels concerts assisterez-vous ?
Tiken Jah Fakoly : Je vais aller voir Kassav pour danser.
Quel est votre meilleur souvenir en festival ?
Tiken Jah Fakoly : Le dernier festival
Roskilde
que j'ai fait au Danemark car je n'ai jamais joué devant un public aussi nombreux.
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