Sandwich distribué aux grévistes de Louisiane, le poor’boy s’est rapidement rebaptisé Po’Boy, avec cette manie qu’ont les américains d’avaler la moitié des syllabes (je vous assure que l’accent du Berry, c’est rien à côté). Et c’est sans doute de La Nouvelle-Orléans que Mathieu Insa créa ce mélange de jazz et d’Afrique, là où le traditionnel se ravigote d’électronismes épileptiques.
Vous trouverez tout ceci dans Zoolectro, et un peu plus encore. Entouré de Eric Mouchot à la basse, Sandra Derlon et Kaloo à la batterie, Mathieu Insa promène ses couleurs en Amérique du Sud et Afrique de l’Ouest, peaufinant les treize morceaux de l’album.
Enrichi de collaborations dont Mehdi Haddab, Kheswa Nonhlanhla ou encore Mary May, les morceaux s’acoquinent de motifs syncopés à la funk madame, quand la basse et la batterie font fourmiller les jambes et entraînent les pas dans de furieux arrangements sentant la sueur. Oui Madame, gare à la malédiction de la table basse !
Il y a de l’hypnose dans ses lignes et de la cadence dans ses propos, il y a des uppercuts dans ses rythmes et du blues dans ses chœurs, il y a des champs de coton dans ses guitares et de l’afrobeat dans ses percussions. Certains s’y seraient cassé les dents, Mathieu Insa a joyeusement digéré ses world-influences et les restitue dans cet atypique album, mi-magique mi-Afrique.
Fela Kuti plane sur l’album, considéré comme l’inventeur de l’afrobeat, l’homme fut le génie donnant ses lettres de noblesse à la fusion de tout ce que la musique noire créa : jazz, funk, rythmes yorubas et d’Afrique. Po’Boy reprend son tragique "Sorrow tears and blood" incitant à ne pas rester de marbre face aux exactions gouvernementales.
Un peu d’anglais, un peu de français, du parlé, du chanté, recorded all over the world, les textes sont également des moments éloquents inspirés de la face du monde, des voyages : "Besoin d’étrangers qui me soient familiers" ("Besoin d’elles") et des sentiments partagés aux quatre coins du monde : "Tu vas peut-être pas aimer tout ce que je te dirai pas, mais comme ça, tu te souviendras de moi" ("Hurlent les loups").
Allez hop, c’est le moment de convoquer la voisine en boubou et de lire l’avenir dans un taboulé-avocats ensemble. Inspiré et inspirant, d’un éclectisme frisant la débauche, Zoolectro est une pépite musicale prompte à tutoyer les étoiles. Quelle audace !
L'été approche et avec lui la pénurie de sorties en tout genre mais d'ici là, on fait le plein !.
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