"You do a great impression of someone who is lost / well I’m lost too / so let’s get lost together"
"The imagination is not a state, it is human existence itself" William Blake
Inside the Rose, le nouvel album des Anglais de These New Puritans semble être un tournant à plus d’un titre. Le quatuor est devenu un duo resserré autour des frères George et Jack Barnett (signifié avec la photo de la pochette), les musiciens ont assuré à leur maison de disques que leur travail était "the most commercial thing ever" (sic) et après le (n’ayons pas peur des mots) sublime Field of Reeds (2013), un retour à des choses plus sombres (moins tranchantes et véhémentes qu’Hidden).
Les jumeaux, sont partis à Berlin, peut-être y retrouver l’inspiration, un nouveau souffle en tout cas, enregistrer (mais également à Londres et à Los Angeles) dans les studios où planent les ombres de Bowie ou Depeche Mode (le titre en forme d’hommage ?) pour trouver un son souvent très 80’s. Berlin a eu une influence, la notion d’isolement et d’architecture urbaine épurée est tangible dans Inside The Rose, mais à ces deux éléments, le sens de la beauté et de la sérénité s’y ajoute également.
Par contre, il y a des choses qui ne changent pas, l’empreinte mélodique, la dramaturgie, le travail sur le rythme et les timbres (sans enregistrement d’oiseaux volants dans le studio ou de vitres brisées cette fois), sur l’instrumentation, sur les plans harmoniques. Un travail qui s’appuie sur une écriture forte et exigeante. Et c’est là que se trouve tout l’intérêt de ce groupe qui regorge d’idées musicales. Un groupe pas si éloigné que cela de Steve Reich ("Infinity Vibraphones") ou de Talk Talk, en partie parce que, comme Hollis, Barnett est engagé dans une quête musicale personnelle, une exigence, qui porte plus d’intérêt à la musique (dans le fond comme dans la forme) qu’aux attentes commerciales.
Inside the Rose, c’est une musique intelligente, complexe (forcément) et audacieuse (forcément aussi) incantatoire, immersive, capable de mêler brutalité (venant souvent des graves) et fine beauté, une exploration des deux bouts du spectre musical, parfois au sein d'une même chanson. Une musique qui ne supporte pas d’être écoutée distraitement, qui fraie avec la (cold) new wave mais avec quelque chose de totalement moderne. L’ambition a un prix, celui d’être un groupe clivant. Pourtant, il y a une certaine évidence dans des titres comme le superbe "Where the trees are on fire", "Infinity Vibraphones" ou "Beyond Black Suns". Ici, les dynamiques se croisent, les compositions sont à tiroirs, les sens sont en éveil.
Un disque qui se termine le regard tourné vers le ciel (six), après les ténèbres la lumière... In paradisum... Un coup de maître, un de plus.
Un printemps décidément capricieux mais quelques jours de beau temps avant un nouveau déluge. Ici c'est un déluge de musique, spectacles ou livres qui nous attend.
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