Voilà donc un superbe petit texte d’un peu plus de 100 pages qui nous est offert par Bérengère Cournut, une jeune auteure empreinte d’onirisme et de poésie qui est une réponse au texte de Pierre Cendors, Minuit en mon silence, que nous avions beaucoup aimé il y a deux ans.
Avec Par-delà nos corps, son dernier ouvrage, et en attendant un nouveau roman en septembre prochain dont nous ne manquerons pas de vous parler, Bérengère Cournut nous propose le très beau portrait d’une femme solaire qui surpasse les épreuves de l’histoire du 20ème siècle. Cette femme, Elisabeth, a vingt ans quand elle et son premier mari rencontrent Werner, lieutenant-poète et peintre allemand, à Paris.
La Première Guerre mondiale éclate et emporte les deux hommes, l’un après l’autre. Des décennies après, Elisabeth adresse par-delà la mort une lettre à Werner, en réponse à celle qu’il lui avait envoyée du front juste avant de mourir et qui dessinait un idéal de la femme.
Au travers de cette lettre, Elisabeth décrit, loin de tout idéalisme, ce qu’elle a traversé durant toute sa vie et comment les épreuves ont fait d’elle une femme "tellurique" ancrée et incarnée, plusieurs fois aimante et aimée, traversée par le désir, le miracle de la maternité, la mort et l’absence.
Le texte de Bérengère Cournut est à la hauteur de celui de Pierre Cendors auquel il répond. Les immenses qualités littéraires apercues chez Pierre Cendors trouvent donc un formidable écho sous la plume de Bérengère Cournut.
Bérengère nous dévoile un texte tout en nuances, poétique et sensible à souhait pour nous faire vivre une histoire d'amour brève et intense, faite d'éloignement et jamais consommée, qui défie le temps et la guerre. Évidemment, il serait plutôt judicieux de lire en amont le texte de Pierre Cendors pour mieux s’imprégner de la réponse de Bérengère Cournut.
A travers ce texte se dévoile une femme libre, qui a su faire des choix pour se reconstruire après la mort de son mari, une femme qui croit à la vie et à l'amour malgré les drames vécus, une femme qui refuse la tristesse qui la menace.
Les deux ouvrages, celui de Bérengère Cournut et Pierre Cendors rassemblés donc forment un magnifique témoignage d'amour que je vous invite fortement à lire. |