Réalisé par Alain Guiraudie. France. Comédie. 1h40 (Sortie 2 mars 2022). Avec Noémie Lvovsky, Jean-Charles Clichet, Ilès Kadri, Dora Tillier er Renaud Rutten.
Avec "Rester Vertical" et "L'Inconnu du lac", Alain Guiraudie a passé un cap. Devenu populaire, reconnu comme auteur par les journaux qui décernent le titre, il est désormais maître de son jeu cinématographique.
Dans "Viens je t'emmène", il choisit en toute conscience un cinéma libre et incongru. On verra bientôt avec "En même temps" de Benoît Délépine et Gustav Kervern qu'il n'est pas le seul à lorgner la succession de Jean-Pierre Mocky.
Car cette histoire abracadabrante qui passe à la moulinette du vaudeville tout ce qui d'ordinaire n'amuse pas vraiment (la prostitution, l'auto-défense, le terrorisme islamiste, les SDF, etc...) n'aurait pas déplu au cinéaste du "Miraculé" ou d'"Un Drôle de paroissien".
Comme chez Mocky, tout tient dans l'impeccable distribution et jamais Noémie Lvovsky, par exemple, n'aura été aussi convaincante qu'en prostituée nymphomane. Elle entraîne dans son sillage Jean-Claude Clichet, un comédien qu'on devrait revoir dans des rôles aussi conséquents que celui-là.
Accumulation de saynètes si outrées qu'elles en deviennent loufoques, "Viens je t'emmène" d'Alain Guiraudie fera grincer quelques dents en donnant réalité à des personnages prenant au pied de la lettre les peurs suscitées par les chaînes de télé en ligne.
e contre la menace terroriste, un immeuble peuplé de voisins solidaires malgré leurs différences politiques et raciales, va devenir l'épicentre d'une bataille rangée contre un ennemi conglomérat de tous les fantasmes du moment.
Certains y verront une métaphore de la France du premier quinquennat Macron. Il ne faut peut-être pas exagérer la puissance de l'analyse d'Alain Guiraudie. On lui concèdera qu'il est dans le constat, qu'il confronte les questions actuelles dans une fiction déjantée qui se garde bien d'en tirer des leçons définitives. Mais on reste dans une pochade hilarante et fort réjouissante, pas davantage.
"Viens je t'emmène" d'Alain Guiraudie annonce finalement le retour d'un cinéma de garnement anarchiste, plus bébête que méchant. |