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Interview  (Paris)  21 novembre 2008

Il est très difficile dans le monde actuel de concilier le triptyque premier bon album/pochette hideuse/signature en major. Et c’est pourtant ce que Hugh Coltman est parvenu à réaliser en dehors des caciques, loin des clichés. A mi-chemin entre la soul historique et la notion de pure pop, celle qui fait taper dans les mains sur le refrain, Stories from the safe house ratisse large au niveau des audiences. Une fois n’est pas coutume, c’est un compliment.

Vous cherchiez l’album à placer sur la platine pour les fêtes, un disque pour le soir après le travail, une chanson pour les lonely lovers en dentelle, quelque chose de très noir et européen sur la même mesure ? Hugh compile ces sentiments en moins de temps qu’il ne faut pour reprendre son souffle. Une rencontre s’imposait donc, dans les coulisses de l’Olympia, qui déjà l’accueille à bras ouverts (mais salle comble).

Ton album est non seulement une surprise "en soi", mais Stories from the safe house m’est arrivé, à l’époque, par des voies, disons… commerciales. Disons que je ne m’attendais pas, compte tenu de l’expéditeur, à ce que l’album soit aussi bon. Peux-tu m’expliquer brièvement l’histoire de ces compositions, et comment elles sont arrivées sur le bureau d’une major, chose rare par les temps qui courent ?

Ce qui est cool, c’est que tout s’est fait naturellement. Mon ami Spleen a remis les démos à Diams qui, je crois, était déjà chez Motown. Il semble qu’elle ait adoré, des contacts ont été noués avec le label, et bon, bref, cela ne s’est pas fait là-bas. Le disque s’est retrouvé sur le bureau d’ULM (Universal), le tout sans que j’en sois informé. Naturel tu vois, et sain. C’est assez courageux, il faut le dire, pour un label, de sortir un album comme Stories from the safe house. J’ai presque la quarantaine, plus le physique d’un jeune premier, bon.. (Rires). Il y a eu un coup de cœur, c’est un fait. Tout se passe bien.

A parler avec toi, on se rend compte que ton français est parfait, alors que tes origines sont anglaises. Ton arrivée à Paris remonte à quand ? Je suppose que la maturation de l’album est fortement liée à ta vie parisienne.

Je suis arrivé le… 1er janvier 2000. Entre l’album que tu as écouté et les premières démos, il y a eu quelques complications personnelles et la perte (c’est ce que raconte la bio, NDR) des premières bandes (sourire jaune). J’étais alors signé sur un petit label avec un label manager qui était parti vivre en Espagne pour vendre des fringues… Le genre d’histoires qui ne s’inventent pas. Bref.  L’ingénieur du son qui mixait les maquettes a réussi à tout paumer en faisant une sauvegarde. Autant te dire que j’étais fou de rage. Il y avait pourtant de bonnes compos. Deux chansons sont finalement restées sur l’album, "Greener than blue" et "Where did they go". Et pendant toute la phase d’enregistrement, impossible de joindre le label manager, impossible de retrouver sa trace. Je finis par le joindre et lui propose de racheter mes bandes, en faisant un prêt à la banque. C’était un jeudi, je me souviens. Le samedi d’après, je reçois un coup de fil de l’ingénieur du son, qui finit par m’avouer que toutes les pistes avaient été effacées ! Cette "anecdote" m’a totalement laminé, j’ai arrêté la musique pendant presqu’un an. J’ai tout d’abord cherché un travail, en tant que prof’, et puis j’ai relativisé. C’était une évidence que Dieu n’était pas avec moi sur ce coup là ! (Rires)

Et quelle est la raison de ton retour en grâce, du coup ?

Jouer de la musique, c’est vital pour moi. Il n’y a que de cette façon que j’arrive à m’exprimer, c’est ainsi. J’ai reçu un coup de fil de chez Because, plusieurs mois après, m’invitant à venir le voir. Je rentrai juste d’Angleterre, c’est à ce moment que j’ai rencontré mon manager actuel, et les choses ont commencé à se mettre en place. Je n’étais plus seul à croire à mes projets. Et de là sont sorties de nouvelles compositions, meilleures, selon moi, que celles que j’avais perdu. Je vois la musique comme un document, une trace, quelque chose de fort, et je tenais à ce que le côté "live" s’entende pour l’auditeur.

Pour toi, jeune exilé anglais, Stories from the safe house, c’est Paris en fait ?

Oui totalement. Il faut savoir qu’en français, le titre de l’album signifie "les histoires de la planque". Moi, je me suis planqué en France. Avant d’être musicien, j’étais acteur d’une troupe de théâtre, j’ai commencé à chanter au sein de la bande mais sans y trouver mon compte.

Il y a une énorme influence gospel/musique noire dans tes mélodies, notamment le Innervisions de Stevie Wonder. Tu voulais être black, au fond, hein ?

L’un des premiers albums de blues que j’ai reçu, c’est Paris Texas de Ry Cooder. Pour moi, c’est un blues classique. Et lorsque tu commences à écouter le blues blanc, il y a peu de choses qui arrivent au niveau des maitres noirs, BB King ou Buddy Guy. Pour la simple et bonne raison que ces musiciens n’étaient pas encore connus ! Chez des Lightin’ Hopkins, Skip James, il y a une agressivité qu’on peine à trouver chez les blancs, c’est du punk avant l’heure. Tout est lié à dieu, dans la composition, et c’est là que nait le rock’n’roll. Tout simplement. Je retrouve cette rage, notamment dans les lyrics, chez des kids comme les Arctic Monkeys, ou un peu plus loin chez Pulp. Ce problème du message a très bien été résumé par Thom Yorke : "Too cynical to speak". Cette recherche de la simplicité, nous l’avons perdu en chemin, et en même temps notre langage est plus complet. Et c’est l’une des choses que j’ai trouvée en France, la chanson à texte engagé. J’ai l’impression que l’Angleterre a perdu cela, le sens du message fort. Et si on doit parler de ma musique, j’aime quand elle est généreuse. C’est peut-être pour cela qu’on parle ici de musique noire, finalement c’est aussi le sens du gospel.

La grande différence entre 2008 et euh.. disons 2006 ?

Les gens m’écoutent aujourd’hui, lorsque je chante. C’est la grande différence. C’est un luxe. Aujourd’hui je suis à l’Olympia, première partie de Thomas Dutronc, c’est une suite de petits cadeaux distillés au quotidien.

Parlons de ta voix, c’est notamment remarquable sur le bien nommé "Voices". Tu fumes, tu bois, tu ne fais pas grand chose pour la préserver !

Mes parents m’ont très jeune engagé sur la voie artistique. Cela a commencé avec le ballet, j’étais danseur. Ma mère voulait me transmettre tout cela, j’en ai surtout un souvenir musical – ses vinyles –  puis des auditions pour des comédies musicales, à l’adolescence. Je me suis rendu compte que j’aimai chanter, depuis tout jeune, cela ne s’explique pas, et toujours en autodidacte. Ce qui est autant bien qu’handicapant… je travaille actuellement sur une B.O. avec des envies d’arrangement qui sont très dures à retranscrire, du coup…

Certaines de tes compositions sont imprégnées du sentiment de célébration, de communion, qu’on retrouve dans de grands standards comme White Christmas. Est-ce important pour toi, en tant qu’auteur, de transmettre cela ?

Nat King Cole est une référence sur ce thème. Une star connue pour ses tubes, dont on a tendance, hélas, à oublier les autres chansons, les moins populaires, ainsi que ses musiciens brillantissimes. J’aime ces harmonies riches, proches du pathos, oui, mais jamais larmoyantes. Cette émotion se retrouve aujourd’hui chez Rufus Wainwright sur In my arms, premier album, et même dans le Sonate au clair de lune de Debussy, pour harpe, flûte et violoncelle. C’est énorme ! Il faut écouter ça absolument. C’est inexplicable. Voilà mon conseil pour 2009 : Ecoutez Debussy ! (Rires)

Pour finir, un mot sur cette pochette, que je trouve particulièrement immonde. Ce n’est pas vraiment une question, mais je voulais quand même t’en parler...

Ah, je suis très content que tu m’en parles. C’est un ami, également auteur d’un mag culte dans les 70’, en Belgique, qui a réalisé la pochette. Un mec assez punk, sans réelle vision du graphisme. Et effectivement, cette pochette ne ressemble à aucune autre. J’ai dû l’imposer à pas mal de monde. Et au final, cette pochette durera, car c’est tellement un OVNI dans le panorama actuel, franchement elle sort du lot !

 

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Hugh Coltman en concert à L’Alhambra (11 mars 2009)
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En savoir plus :
Le site officiel de Hugh Coltman
Le Facebook de Hugh Coltman


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