Bien sûr, bien sûr, on ne pourra pas s'empêcher de se dire que l'on nous vend Junip sous le manteau de gloire de José González, son célèbre chanteur-guitariste ; bien sûr, on remarquera que, tout de même, les morceaux se ressemblent tous un peu, sur scène comme sur disque ; bien sûr, il sera difficile de ne pas trouver que, sur scène, tout cela manque de vie et de communication avec le public, qu'en fait de retenue ou de pudeur, tout cela confine à la distance ; bien sûr, bien sûr, bien sûr – mais il n'en restera pas moins la beauté de la musique, l'envoutement de la voix, l'hypnose des rythmiques tournant en rond dans de labyrinthiques mélodies qui ne semblent jamais devoir trouver de fin.
Profitons de l'occasion pour corriger quelques idées fausses : Junip n'est pas le "nouveau" projet de José González. Mais ce n'est pas non plus son "premier" groupe. En fait, le quintet existe depuis 2005, année de parution du Black Refuge EP ; et l'on se souvient que Veneer, le premier album du chanteur guitariste suédois au nom le moins suédois du monde était sorti en 2003. Junip s'est ensuite endormi pour un hiatus de quelques cinq années, ne se réveillant qu'en 2010 pour proposer, coup sur coup le Rope & Summit EP puis le triple album Fields.
Cette concession à la précision ayant été faite, il faut bien reconnaître que Junip n'est jamais qu'une facette de plus de la musique de González. Une façon courtoise d'étoffer son univers musical en donnant aux musiciens qui l'accompagnent un peu plus de reconnaissance qu'à un simple backing band. Où comment s'arranger avec les arrangements musicaux sans trop flatter son propre égo. Sortir du guetto indé-folk-seul-avec-sa-guitare sans s'asservir une bande de musiciens-mercenaire ni perdre son identité propre.
Sur scène, on ne voit que González, on n'entend que sa voix chaude et douce, portée par une musique qui sait clairement se mettre à son service. Et cela fonctionne à merveille.
On signalera également l'excellente surprise de première partie : Amatorski, formation voisine puisque venue de la Belgique toute proche, où leur carrière semble sur le point de prendre un bien réjouissant envol.
Le public du Grand Mix est pour une grande partie tout simplement resté ébahi devant la justesse et la sensibilité du chant de Inne Eysermans, véritable âme du quartet, dont la voix évolue quelque part dans le triangle ravissant unissant Sophie Hunger, Alison Shaw et les sœurs Casady (Cocorosie). Une belle apesanteur onirique, comme un high-key musical, d'un bleu qui ne serait pas froid.
Pour ceux qui voudraient suivre sur disque les aventures de la formation, l'EP Same stars we shared est paru le 17 avril dernier et il contient de bien belles pièces – dont le titre éponyme, emblématique de tout ce que l'on aime dans l'indolence d'Amatorski, mais aussi "Come Home", que vous aurez peut-être déjà entendu au détour d'un spot commercial. |