Comédie dramatique de Charlotte Delbo, mise en scène de Boris Herszbojn, avec Olga Grumberg, Gabriel Perez, Louve Reiniche-Larroche et Rainer Sievert.
En villégiature grecque, un homme, une femme. Presque du "chabadabada" s'ils n'étaient de la même génération, celle de la jeunesse à l'orée de la Seconde guerre mondiale, lui, officier de la Wehrmacht, et elle, résistante française survivante du camp d'Auschwitz.
Par cette confrontation développée dans "Ceux qui avaient choisi" que Boris Herszbojn met sobrement en scène, Charlotte Delbo, dont l'oeuvre dramaturgique s'inscrit dans le registre du théâtre mémoriel, traite de manière autofictionnelle, circonstanciée et frontale de la dialectique de la résistance politique active et de la responsabilité individuelle
Pour certains, telle l'auteure, communiste, résistante et déportée rescapée des camps de concentration, point d'alternative : l'opposition et la lutte s'imposent à la conscience, même au péril de leur vie.
Ce dont rend compte la remémoration en flash-back de l'heure des adieux qui a précédé l'exécution de son mari torturé puis fusillé en 1942 par la Gestapo et dans laquelle Gabriel Perez et Louve Reiniche-Larroche s'avèrent tous deux justes tant dans la détermination que l'émotion de ce couple unis dans l'action politique.
Pour d'autres, celles-ci sont appréhendées sous une autre focale, celle du ralliement "passif" à la dictature, et à son corollaire, la barbarie, qui s'avère trouble car placé sous une double antienne contradictoire, et opérant un renversement victimaire, celle de l'ignorance ou du déni de la réalité ("Nous ne savions pas") et celle de l'option impossible entre la mort et la honte ("Nous n'avions pas le choix").
Face à Rainer Sievert qui campe l'homme embourbé dans son passé et réclame la clémence, au demeurant, dans une opération de séduction amoureuse, l'interprétation remarquable de Olga Grumberg porte superbement la pensée et la vie de Charlotte Delbo qui n'a cessé de croire en l'homme. |