Comédie dramatique d'après les dialogues de Jacques Prévert du film éponyme de Marcel Carné, mise en scène de Philippe Nicaud, avec Idriss Hamida, Sara Viot, Fabrice Merlo, Pamphile Chambon, Sylvestre Bourdeau et Philippe Nicaud.
Près à quitter la France en bateau, Julien, déserteur, arrive au Havre. Il trouve refuge près des docks dans les bas-fonds. Mais de rencontre en rencontre, notamment celle de Nelly dont il tombera amoureux, il se retrouvera bientôt prisonnier d’un implacable engrenage.
C’est un beau défi qu’ont relevé Philippe Nicaud et la Compagnie Théâtrale Francophone : adapter le chef d’œuvre de Marcel Carné : "Le Quai des brumes" à la scène. La performance est d’autant plus réussie qu’il ne s’agit surtout pas d’imitation mais d’une transposition. Et quelle transposition !
Dans l’espace limité, la mise en scène de Philippe Nicaud utilise au mieux chaque centimètre de plateau pour multiplier les décors, enchaînant les scènes et les ambiances. Toute l’équipe monte et démonte avec précision les éléments de décors : paravents, caisse, tonneau… Pour recréer avec brio l’ambiance du Havre et celle des années 30.
Une ambiance poisseuse où se débattent des personnages au sombre destin, opposant l’amour à la fatalité, le tout magnifié par la poésie de Jacques Prévert. Et c’est avec sincérité que la parfaite distribution de ce spectacle parvient à emporter le spectateur, sans que celui-ci ait affaire le moins du monde à un "copié-collé" du classique du cinéma français.
La présence d’un accordéoniste sur scène (Pamphile Chambon, parfait) qui accompagne avec sobriété et bienveillance les personnages de cette sombre histoire apporte du rythme et donne un air rétro à ce drame. Et l’on navigue d’émotion en émotion avec une belle intensité. Du très beau travail.
Tous les comédiens : Sylvestre Bourdeau (excellent dans les rôles aussi différents de Michel et de Lucien), Idriss Hamida (inquiétant Zabel), Philippe Nicaud (dans plusieurs petits rôles) donnent avec talent la réplique au couple Sarah Viot - Fabrice Merlo, incandescent et déchirant.
Un drame prenant, aussi noir que flamboyant, à l’omniprésente poésie.
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