Pourquoi rassembler Sergueï Rachmaninov (1873-1943) et Philip Glass (1937 -), deux compositeurs qui semblent si on ne connait pas leurs œuvres si éloignés ?
Tous les deux ont en commun d’être à la fois populaires et d’avoir la volonté de ne pas être considéré comme avant-gardiste. Surtout, ils partagent un sens évident de la mélodie, de l’importance du rythme, de l’âme avec naturellement deux façons différentes de les traiter. La version de Glassworks serait ici comme un trait d’union entre les deux esthétiques, le piano proche de Glass et le violoncelle de Rachmaninov.
Au centre de ce disque trône la superbe sonate pour violoncelle et piano de Rachmaninov. Concomitante de son second concerto pour piano, elle exalte toute la mélancolie, tous les tourments, les passions du compositeur. Le duo la joue avec force et sensibilité, sans rajouter de lyrisme de mauvais aloi, et, du troisième mouvement se dégage enfin la lumière comme la fin d’une dépression. Mais cette sonate n’est pas la seule pièce riche en intensité, s’accordent une transcription de la troisième romance et la vocalise op 34 aux pièces de Glass dans de beaux arrangements (Glassworks donc, le tube incontournable dont il semble que l’on ne se lassera jamais, Tissues n°2 et 7, un extrait de The Hours). Le duo fonctionne à merveille, Vanessa Benelli Mosell est toute en expression et Henri Demarquette fait chanter son violoncelle.
Ici ce sont bien les émotions qui se répondent en échos instaurant un climat envoûtant tout au long du disque. Et puis, mais cela est tout à fait personnel, quel plaisir d’entendre, de deviner les respirations des musiciens… |