Comédie dramatique d’Arne Lygre, mise en scène de Stéphane Braunschweig, avec Virginie Colemyn, Cécile Coustillac, Alexandre Pallu, Pierric Plathier, Lamya Regragui Muzio, Chloé Réjon, Grégoire Tachnakian et Jean-Philippe Vidal.
Le metteur en scène Stéphane Braunschweig poursuit son compagnonnage théâtral avec le dramaturge norvégien Arne Lygre avec "Jours de joie" son dernier texte en date.
Il consiste en un assemblage d'histoires croisées qui, à travers la banalité de vies ordinaires, dessinent un panorama de la relation au monde, aux autres et à soi, et aborde de manière contemporaine de nombreuses thématiques existentielles intemporelles telles, et entre autres, la vie, la mort, l'amour et la problématisation de la famille et du couple.
De format long, plus de deux heures, l'opus se déploie sous le prisme de la joie en tant que concept et affect permettant de surmonter l'angoisse et le tragique, appréhendée en l'occurrence non comme un état mais comme de fugitifs moments voire de simples fulgurances, et dans un contexte de départs, de ruptures, d'effacement et de disparition, non celle définitive du décès mais celle choisie comme stratégie de survie en cas d'impasse psychologique qui en consttue le point d'articulation.
La partition, à l'apparent minimalisme formel mais au propos récurrent voire ressassé autour du croire, du penser et du dire, s'avère singulière au plan syntaxique, et ce non sans évoquer l'écriture durassienne par sa construction phrastique.
En effet, In limine de chaque scène, les protagonistes s'expriment à la troisième personne comme dans une situation de trouble dissociatif, et à la manière de la didascalie, puis est inclus dans les dialogues leur flux de pensée de surcroît avec une inversion du sujet ce qui ressort davantage à l'expression littéraire qu'au langage courant et impacte l'écoute.
Tout commence en extérieur dans un cimetière mais, comme signifié par la scénographie de Stéphane Braunschweig, un cimetière sans tombes, sur le terrain y affecté jonché de feuilles automnales et cependant dépourvu d'arbres, tel un pré-carré faisant office d'aire de jeu pour cette comédie dramatique, au demeurant non exempte de quelques inserts de pure comédie.
Pour délivrer cette fresque animée de seize personnages confrontés à ce qu'il qualifie de "questionnement sur l'aptitude au bonheur", Stéphane Braunschweig réunit des comédiens dont il connaît les mérites et qui participent régulièrement à ses spectacles.
Judicieusement distribués et dirigés au diapason, par ordre d'entrée en scène, Lamya Regragui Muzio, Cécile Coustillac, Alexandre Pallu, Chloé Réjon, Virginie Colemyn, Grégoire Tachnakian, Jean-Philippe Vidal et Pierric Plathier délivrent une prestation émérite. |