Plaisir de lecture et belle découverte, voilà ce que je vais conserver de cet ouvrage de Barlen Pyamootoo, auteur qui vit dans un lieu qui porte un nom paradisiaque, Trou d’eau douce sur l’Ile Maurice. Dès son premier livre, Bénarès, la voix de cet auteur très singulière s’est imposée. Il a publié ensuite trois autres romans, toujours aux éditions de l’Olivier : La Tour de Babylone, Salogi’s et L’île au poisson venimeux. Whitman est donc son cinquième roman, celui qui me permet de rencontrer cet auteur, me donnant envie d’aller lire ses écrits précédents.
Le 16 décembre 1862, le poète Walt Whitman, apprend que son frère George a été blessé à la bataille de Fredericksburg en Virginie, l’une des plus meurtrières de la Guerre de Sécession. Il décide alors de partir à sa recherche. A Washington, il fait le tour des hôpitaux militaires, déambule entre les lits, bouleversé par les corps mutilés et par tous ces jeunes soldats dont "les visages sont comme des prières nues".
Désormais, il remplit ses carnets du quotidien des soldats dans le camp et assiste les blessés et les malades dans les hôpitaux, ses écrits et la guerre ne faisant plus qu’un. C’est ce moment crucial que relate l’auteur, celui où le poète devient héros romanesque. Il le suit treize jours durant son périple en train et en bateau, de Brooklyn à Falmouth, et plonge avec lui dans les horreurs de la guerre.
J’ai retrouvé le même plaisir de lecture que celui que m’avait procuré il y a quelques mois le superbe Shiloh de Shelby Foote qui traitait aussi de la guerre de Sécession. Avec son ouvrage, Barlen Pyamootoo utilise la figure d’un immense poète américain pour nous donner sa vision du conflit dans un ouvrage court (environ 150 pages) et dense.
Avec la même pertinence que Shelby Foote, il va alors nous décrire au travers de son périple les horreurs de cette guerre qui voit s’affronter les Sudistes et les Nordistes sur fond de ségrégation raciale. Véritable chroniqueur de guerre, au plus proche des troupes, quel que soit leur grade, il nous donne des précisions sur les terribles conditions qu’ils enduraient. Tantôt infirmier, toujours poète, il est en première ligne pour nous décrire avec précisions les affres de cette guerre.
C’est un texte poignant qu’il nous livre, superbement écrit, plein de poésie qui traite pourtant de blessures de guerre, de morts et de violences. Un livre écrit à hauteur d'hommes qui nous rappelle que la littérature reste un formidable moyen de nous évoquer la grande Histoire, en plus de celle que nous racontent les historiens. |