Star
emblématique au Brésil, auteur, compositeur, chanteur,
performer et acteur, Seu Jorge, membre
fondateur du groupe de samba pop groovy Farofa
Carioca, puis du groupe rock psychédélique
hip hop hardcore ragga subversif Planet Hemp,
poursuit désormais une carrière solo.
Son deuxième album Cru vient
à l’assaut de la veille Europe et reçoit déjà
un accueil unanime.
On comprend aisément cet engouement : il est beau et, ce
qui ne gâte rien, son ramage ressemble à son plumage.
Une voix chaude et brute, rocailleuse ou limpide, légère
ou tribale, caressante ou déchirante, qui donne envie de
remonter l'Amazone à la rame. Seu Jorge nous emmène
pour un voyage au pays des émotions à fleur de peau
qui brûlent sous le soleil tropical.
Interprète inspiré, il met sa voix au service de
ces ballades douces et presque minimalistes ("Fiore
de la citta","Bola de meia")
qui posent l'esprit et le coeur pour approcher l'âme brésilienne.
Ses trois compositions, "Tive Razao"
de facture très classique qui fait songer à Vinicius
de Moraes, "Mania de Peitao"
qui nous emmène du côté de Jorge
Ben et le déchirant "Sao
Gonça" sont de bien belles augures.
Et puis deux reprises fameuses, qui font couler beaucoup d'encre
: "Don’t" chanté
en son temps par le King, tendre blues sur fond de cris de perroquet.
Quant à sa version percussive et de "Chatterton"
de Gainsbourg, elle n’aurait sans doute pas été
désavouée par son auteur. Le rythme syncopé
nous entraîne dans les sombres frondaisons des forêts
amazonniennes pour de ténébreuses noces avec la folie
et la mort.
Mais Seu Jorge n'oublie pas qu'il est un enfant des favelas ("Eu
sou favela").
Qu’il flirte avec la bossa ou la samba, le blues ou le rock,
il chante dans la cour des grands.
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