"Je me souviens de mon interminable question : mais comment se peut-il que j’aie tué Hélène ?" Louis Althusser

"A force de rêver l’impossible, il retrouverait le chemin de la vie". Vorrh, Brian Catling

On le dit peut-être un peu trop facilement, et pour trop de groupes mais LICE n’est pas simplement un groupe de post-punk de plus. Tant qu’à mettre des étiquettes nous pourrions parler ici d’Art-punk.

Pas de suspens, ce disque est une tuerie. Imaginez une énorme partouze regroupant The Birthday Party, Iddles, Wire, Suicide, Psychic TV, Luigi Russolo et Fat White Family. Pour autant le groupe anglais en provenance de Bristol est capable de cultiver ses propres atmosphères (expérimentales) en s’éloignant des formats classiques, tant sur le plan musical que sur les textes (découpage de ce texte, métrique des paroles…) et de chercher son propre chemin.

Si le premier titre "Conveyor" donne le la et annonce la couleur : nous ne sommes pas là pour rigoler, LICE possède une gamme de couleurs, de dynamiques plutôt étoffée ("Espontáneo", "Persuader", "Serata", "Folla", "Clear" sont autant de pistes esthétiques différentes).

Un disque où l’ironie est omniprésente, un disque "politique" mais qui refuse la tiédeur du bien contre le mal, s’appuyant notamment sur les théories de Louis Althusser. Particulièrement sa distinction entre idéologie et science, au point de définir la science comme ce qui est non idéologique. Si l'humanisme consiste à combattre les aliénations, le concept d'aliénation est non scientifique. L'humanisme ne serait donc pas une science mais une idéologie.

Pensé comme un album conceptuel, Wasteland se veut également une plongée dans les univers de William Burroughs, Brian Catling ou Kurt Vonnegut Jr. Une histoire, un peu alambiquée se passant dans : "an unearthly liminal space populated by shape-shifters, time-travellers, talking genitalia and ectoplasmic spectres"...

Puissant, dense, lettré, réfléchi, organique, sombre, fou. Un disque, excellent, comme autant de coups de poing, qui nous laisse groggy, mais totalement conscient...