Après les excès de la veille, la journée démarre plus doucement qu’hier, malgré un soleil radieux…
Première bière pour se remettre la tête en place, et nous montons, Debout sur le zinc. Est-ce que nous sommes tout ouïs ? Oui oui, ça va, nous oyons.
Le bien sympathique orchestre polymorphe fait virevolter ses trois chanteurs, sa mandole et ses percussions, son accordéoniste à lunettes et son contrebassiste aux pieds nus.
Leur joyeux mélange soulève un public acquis à leur cause. C’est qu’ils ont leurs aficionados, les DBSZ ! Après être descendu dans le public, Simon nous assène des coups de trompette, pour finir, en rang d’oignons avec ses compères.
Le week-end a commencé, la grande scène se fait plus familiale et nous l’éviterons pour l’essentiel. Mais nous ne résistons pas au souvenir d’Ayo, qui fut le sourire du Paléo 2007, sous le Chapiteau. Nous avions été impressionnés par l’empathie qu’elle avait pour son public. La pelouse y résiste-t-elle ? Un peu, forcément, mais il n’en reste pas moins que la belle déborde d’émotions communicatives et de messages de paix universelle, tirant un peu trop sur le mysticisme. Au registre politiquement engagé, nous préférons la violence d’un Ska-P, mais c’est affaire de goût, de famille.
Celle d’Ayo est douce, sobre, radieuse, attentive. Inspirés, nous nous asseyons sur la pelouse avec un tartare et un coup de rouge, et levons l’oreille à une jolie reprise de "I want you back", des Jackson five, et à l’incontournable "Down on my knees", moins fort qu’il y a deux ans.
S’il faut trouver un sourire au Paléo 2009, le voici : Grace, la délicieuse canadienne. Bercée par des parents folks américains, promenée entre l’Inde, l’Éthiopie, la Jamaïque – et même l’Alsace paraît-il – elle nous livre toutes ses expériences dans une tente comble. Sa robe écarlate rappelle le sari, ses danses l’Afrique, et ses musiciens viennent surtout des Caraïbes.
Sur des rythmes puissants, son set prend de l’ampleur, de l’intensité. Elle bouge divinement, chante sublimement, et elle cabotine irrésistiblement. Vous l’aurez compris, nous sommes touchés par la Grace.
Transportés jusqu’à la fin du concert de la belle, nous ne saisissons que le final des Ogres de Barback, gai et entrainant.
Et nous voici de retour au Club Tent pour une autre fort jolie dame : La Grande Sophie.
Je dois avouer que je suis déçu, je devais en attendre trop… Je la voyais plus rock’n roll, plus spontanée, plus touchante aussi. Peut-être les belles du matin l’éclipsent à mes yeux ? Elle ne me transporte pas, malgré ses textes sympathiques et entrainants. Au final, il faudrait du courage pour rester, je n’en ai pas.
Slalomant entre les petites scènes, je sens les effluves de la Grande : Tracy Chapman, pendant que votre dévoué photographe pique un roupillon dans un talus voisin, puis Francis Cabrel. Ce dernier est paraît-il le clou du festival, désiré depuis longtemps. Nous le plantons là.
De retour au Chapiteau, nous découvrons Santigold, l’ex Santogold à l’album éponyme. Sur quelques mesures à la Ennio Morricone, la panthère aux paupières et aux baskets dorées déboule, encadrée par deux étonnantes danseuses hip-hop (voire trip hop) aux lunettes noires et aux sourires volontairement retournés.
Elle est désolée, en Français, elle est très malade, elle est n’a pas de voix. Did she make up this word ? Non, mais peut-être cette histoire, car elle en a de la voice, la môme de Brooklyn.
Elle est attachante, avec son étrange alchimie, électronique, lourdement rythmée, et même rockeuse.
Dans le fond, ses trois sobres musiciens reflètent ses tendances.
Progressivement, elle nous accueille dans sa tribu, jusqu’à définitivement accepter cinq d’entre nous, qui se déhanchent avec elle pour un joli final. Et hop, un sourire de plus pour ce Paléo, so sexy.
Allons, continuant sur les artistes féminines, je pousse voir un début de Kate Wax, une curieuse genevoise qui chante et qui mixe, avec une ceinture à loupiotes qui commande ses platines, peut-être ?
Elle est accompagnée d’un batteur et d’un public qui semble bien la connaitre. Je ne m’offre que dix minutes d’une intro spectrale, pour me placer pour le prochain concert…
Grand bien me prend, car me voici maintenant dans le Caravan Palace, au cœur du plus festif des concerts de ces derniers jours. Il est très, très habile ce combo de jazz manouche et d’électro que mélangent avec génie les trois fondateurs de cette formation délurée.
Renforcés par deux musiciens et la sublime Zoé Colotis, qui balade sa voix et ses formes exquises sur un public déchainé, ils swinguent dans ta caravane, les gars du palace, avec leur look de zazous, leur violon et leur contrebasse.
La partie électro n’est pas en rade, avec quelques moments de pur clubbing d’aujourd’hui. Mais d’ailleurs, je rêve où c’est la première fois de ce festival que je vois des slammeurs dans le public ?
Et voilà que Colotis revient. Avec son look et ses manières Charleston, nous retournons aux années folles. Dieu que c’est bon, tout le monde rebondit de partout, ça valse même dans les coins. Ils rejouent demain, c’est sûr, j’y retourne sans appareil-photo, pour m’immerger encore plus.
Pfiou… Allez, en sueur, je remonte au Chapiteau, retrouver Jean-Victor et ses Cold War Kids.
Ma première impression suit leur titre : ok, c’est la guerre, il y a du gros son, mais franchement c’est froid non ?
Il n’est pas deux heures, et le chapiteau est presque vide, ce qui me permet de retrouver mon helvétique compère. Alors, tu en penses quoi toi ? "Rien mon pote, tu as tout dit !"
Pour finir, nous descendons au Club Tent, qui sert généralement du gros, pour finir le samedi soir. Et bien non, pas cette année… DatA, nous n’accrochons pas.
Sans doute surfe-t-il sur cette nouvelle vague électronique française à la Justice, mais nous trouvons qu’il n’est pas la hauteur. Il abuse franchement de l’effet Katerine : et je coupe le son… Et je remets le son ! OK, du gros son, deux refrains qui reviennent en boucle, et c’est tout. Drôlement efficace malgré tout, car l’ambiance bat son plein… Peut-être sommes-nous trop fatigués, déjà en train de penser à demain. Au programme, Raphaël (l’autre) et Benabar (l’unique) sur la grande scène, du Beethoven aussi, et du Beat Torrent pour conclure ce festival… Mais demain est un autre jour ! |