Monologue dramatique écrit et interprété par Laurent Montel dans une mise en scène de Damien Houssier. Sur scène, un homme tout de noir vêtu assis immobile. Impossible de ne pas songer à la femme assise de Copi. Et puis la chanson "Space Oddity" du David Bowie pansexuel de son époque "glam rock" qui le sort de sa léthargie douloureuse.
L'homme parle d'hier, de son pays natal, les Ardennes oubliées, pays de guerre et de hauts fourneaux, pays de la ruralité avec le sacrifice du lapin qui deviendra civet, pays de la tendre enfance avec la main de mère, mais aussi d'aujourd'hui, de ceux qu'il aime, et de lui dans une narration saccadée et scandée par le fantôme de David Bowie.
Bowie encore avec un autre de ses opus, "Ashes to Ashes", dont la traduction francaise correspond au titre de la partition monologale "Cendre à la cendre" délivrée sur scène. Et la cendre délivrée sur scène. Et la cendre qui renvoie à la symbolique biblique de la finitude humaine, de l'humilité de l’homme devant la transcendance et au rite chrétien de pénitence régénérante du Carême.
Alors Etat de conscience sous délire médicamenteux morphinique ou drug trip avec David Bowie ? Homme malade en soins intensifs dans une chambre d'hôpital, junkie ou acteur interprétant un monologue théâtral sur un homme qui... retour à la case départ.
Le comédien Laurent Montel livre, sous la direction éclairée de Damien Houssier, une époustouflante partition protéiforme et polysémique à la vraie-fausse, ou l'inverse, allure autofictionnelle qui ne se laisse pas facilement apprivoiser.
Avec son air bonhomme, son incarnation touchante d'enfant perdu, ses twists farcesques et un art consommé du paradoxe du comédien, il se livre et se dérobe, se déjoue et se joue du spectateur qu'il entraîne dans une belle célébration de la vie. |