On lui prédisait un grand succès, raz de marée médiatique et liesse populaire. Ca y est, c’est fait, Mademoiselle K à la Maroquinerie. "Il reste des places ?" demande le mec en goguette, non lui répond la serveuse, et demain c’est pas sûr.
La K s’arrache mieux que, au hasard, tous les concerts de la rentrée. Il faut dire que la K a des ressources sous le capot, avec ce premier album tout en rock abrasif plus M que PJ Harvey (à qui on la compare souvent), davantage sculpté pour Le Mouv que pour France Inter. La France des 20-30 ans en action et qui se déplace, tout classe sociale confondue, de 7 à 777 ans pour écouter le rock à la française.
Par chance et par retard on échappe à la première partie, qui au travers des portes semble insupportable. Début des hostilités avec "A côté", si les souvenirs ne nous abusent, et première impression d’être face à l’événement rock de la rentrée musicale. Le son, gros comme une Ribenbacker, et l’attitude rock, indéniablement. "Putain, ça fait du bien de rentrer à Paris" lâche Katerine.
Et puis c’est l’avalanche de tubes potentiels comme "Ca sent l’été" ou "Ca me vexe", les gens serrés et compressés semblent apprécier, ça dodeline sec pour les groupies dans les bras de leurs jules. Impression très désagréable que tout le monde est heureux ici, pas l’ombre d’une névrose ou d’une déviance.
"Ma mère est là ce soir, c’est assez flippant!" s’esclaffe Mademoiselle K, avant de s’étonner, "Et ce qui est encore plus drôle, c’est que je ne pensai pas qu’elle aimerait cette chanson". Mademoiselle K enchaîne sur "Crève", aux allures de chanson punk style "Drain you", dédicacée au patron de la mère de K, qu’on imagine infâme.
Energie haute voltige pour un concert qui ressemble déjà à une consécration, en dépit des quelques ratés vocaux dûs à l’empressement. "Jalouse" débute en acoustique, moment de partage pour la foule, grande audience féminine. Un plébiscite unanime donc, mais un brin facile pour des accords qui ne le sont pas moins. La grande théorie des suites d’accords mémorisables, sans la complexité et les paroles un peu brin naïves.
Mathieu Chedid, avant de devenir chiant et heureux (comprendre artistiquement mort) avait quand même eu de la suite dans les idées. Et un style original. Katerine a pour l’instant sa fraîcheur et son envie, son phrasé rap et ses gimmick teenage kick. Pourvu que ça dure…
Devant la reconnaissance du public on s’esquive, et l’on ferme la porte derrière soi, contenant à peine les décibels de la nouvelle Grande Sophie de l’hexagone.
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