Ce soir, tout commence dans l’explosion d’une énergie musicale. Ainsi pourrait se définir la Mekanik Kantatik de Nicolas Cante. Sa performance est remarquable et remarquée, non seulement par l'ambiance que dégage sa musique toute "cantatik" mais aussi par sa présence sur scène toute particulière et captivante.
Nicolas Cante est drôle, décalé, bourré d’une énergie communicative. Sa voix mécanique, transformée par la magie de la technologie, colle à sa musique, toute aussi hypnotique. Le charme d’un piano mis à nu, l'ambiance feutrée de l'éclairage, dénotent avec une musique électro qui ferait pâlir plus d'un Dj sur les dancefloors en vogue.
C’est funky, groovy, le déhanchement se fait vite sentir, le corps bouge d’instinct, dès les premiers morceaux et on se plait à rêver être un son, que Nicolas Cante ferait valser entre les murs, tel un "jongleur de l'éphémère". Les morceaux s’enchaînent et on se laisse emporter par le tout, captivé par les vibrations et un son expérimental qui donne envie de danser jusque au bout de la nuit. Au dernier morceau, l’émotion arrive. Le piano reprend un peu ses droits. La poésie s’invite, pour une belle envolée musicale et sentimentale… Et une petite voix au fond de nous semble dire : encore...
Mais deuxième set et nous ne sommes pas au bout des surprises ! Voilà les Young Gods : quatre gars dans le vent qui tournent depuis longtemps. 20 ans, c’est un bel âge pour un groupe. Je connaissais de nom, sans m’être jamais vraiment penchée sur leur musique. Et ce soir, j’en éprouve des regrets tant j’ai aimé entendre ces "jeunes dieux". Si je les avais connus plus tôt, j’aurais vu le changement, la "longue route" parcourue.
En planchant sur le sujet, j’apprends que la guitare vient juste de titiller le groupe, que longtemps ils ont été trois, qu’ils ont samplé sur la planète, bourlingué de continents en continents.
Sur scène, l’atmosphère est feutrée, des tapis jonchent la scène du Club, des lampes de salon tamisent l’espace, comme chez soi. D’ailleurs le premier morceau du dernier album (Knock on wood) s’appelle "Our house" et le résultat est bien là, une musique intimiste qui s’écoute en toute simplicité.
La voix du chanteur Franz Treichler est chaude, envoûtante, une voix mature qui en dit long. Avec cette prédominance accoustique, la musique nous plonge dans une ambiance hors du temps, invite à l’évasion.
Le petit bracelet en coquillages qu’il porte à la cheville donne aux morceaux un petit air de Côte Ouest. Petit air qui fait surfer les Gods sur une vague revival qui n’a rien perdu de son efficacité.
On se plait à fermer les yeux, s’imaginer 30 ans en arrière, cheveux longs et liberté en tête… La reprise de Richie Havens, "Freedom" ne fait que confirmer cette sensation d’ambiance "seventies".
Mais loin d’être sur un mode nostalgique, le groupe a gardé son esprit innovant et high tech. Aux côtés des drums habituels, le public a la surprise de voir siéger un hang, percussion d’invention suisse, qui fête à peine ses dix ans d’existence et qui présente déjà sur scène une aura toute particulière ! Un son pur, pour une forme épurée, Bernard Trontin l’effleure, le titille.
Et l’on se dit que le domaine musical réinvente sans cesse de nouveaux gestes, de nouveaux sons pour notre plus grand plaisir. Les trois guitares ne sont pas en reste, elles donnent le tempo, se laissent caresser le dos et les courbes par Vincent Hänni, Franz Treichler, Al Comet.
Au final, c’est un concert qu’on voudrait ne jamais oublier, tant l’émotion est forte et l’ambiance apaisante. Un Eden sur terre, le temps d’une (trop courte) soirée… |