Sam Beam, leader sans conteste de Iron and Wine et remarquable songwriter de son état a habitué l’amateur musical à des chansons pop folk finement ciselées. Au fil de ses albums, il s’est imposé comme un auteur-compositeur de grand talent à la sensibilité certaine et au savoir-faire évident.
Avec la sortie de Around the well, album compilation de tout ce qui est resté dans les cartons précédemment, il laisse l’auditeur pénétrer un peu plus dans son univers. Après un trio d’albums qui lui a permis d’accéder à une notoriété bien méritée, Sam Beam sort un double étanche soif pour les impatients.
Le premier disque est constitué de morceaux datant de la période de son premier effort The creek drank the craddle (2002) et le deuxième provient des sessions de The Sheperd’s dog, le précédent album. Ce dernier, sorti en 2007, avait enthousiasmé l’auditeur et avait définitivement fait de Iron and Wine un acteur majeur de la scène indie-pop-folk américaine. Un petit écart temporel qui permet donc de constater l’évolution certaine du Monsieur.
Au programme : des faces B, des enregistrements 4-pistes fait maison et des covers. Bilan de cinq années d’écriture, ces vingt trois morceaux se retrouvent bien séparés sur les deux disques. Et autant le premier fait dans la simplicité heureuse, le dénuement agréé avec des titres minimaux, guitare voix, folk sans concession, mais peut-être légèrement redondants que dans le deuxième on retrouve un son plus travaillé, de l’enregistrement studio, et des musiciens dont le notamment guitariste de Calexico, Joey Burns.
Et si la première partie de ce diptyque contient son lot de reprises originales avec "Waitin’ for a superman" de The Flamings Lips, "Peng 33" de Stereolab et "Such Great Heights" de The Postal Service, la seconde n’en est pas moins en reste avec "Love Vigilantes" de New Order. Figurent également sur cette dernière trois chansons écrites pour le film In good company ("Belated Promise Ring", "God Made The Automobile", "Homeward, These Shoes"). Les fans du Sheperd’s Dog ne resteront pas insensibles aux rythmes et aux ambiances distillés ici. Puis l’écoute se conclut en point d’orgue sur neuf minutes de "The trapeze swinger", morceau jusqu’à présent disponible uniquement sur plateforme de téléchargement (légal, bien sûr) et pourtant culte.
Avec sa voix tout en douceur, Sam Beam envoûte l’auditeur. Certains diront même qu’il l’endort. La profusion peut-elle être l’ennemie du bien et l’amie de l’ennui ?
Ce qui amène tout naturellement à une deuxième question, à savoir : à qui s’adresse ce double album d’inédits ? Les aficionados seront sans doute rassasiés pour un petit moment. Mais pour les autres, rentrer dans l’univers de Sam Beam par cet album n’est peut-être pas le plus motivant et le plus aisé. Il faut être un minimum initié pour apprécier cet univers au risque de trouver cela assez rapidement lassant.
On le savait très prolifique, le barbu ne le dément pas et sort donc de sa besace des enregistrements de derrière les fagots en attendant sans doute une prochaine livraison studio. Mais pour apprécier pleinement Around the well, il faut préalablement accepter de se laisser envelopper par des tempos lents, une voix caressante et une émotion transpersante. Un plaisir non coupable qui se fait écoute après écoute, tranquillement… au risque de passer à côté. |