Soirée franco française ce soir à La Maroquinerie avec un double plateau.
C'est Mr Roux qui entame la soirée.
Mr Roux est déjà connu des lecteurs de Froggy's Delight. Pour les autres sachez que Mr Roux est un trio, composé d'un contrebassiste (Brandon Michel), d'un guitariste (Jauni Bernardo) et d'un chanteur, /compositeur/guitariste (Mr Roux donc).
En veste de survet' puis en marcel, Mr Roux et ses compagnons chantent la rue, la vie de tous les jours, tapent un peu à gauche et à droite sans trop se mouiller. Ils dénoncent avec un peu d'humour le fanatisme religieux ("Les papiers sacrés"), l'intégration ("Nourredine"), les pauvres mecs ("Le bouffon de la cité" pour les popeux, "Petite pouffe")…
En fait Mr Roux ça pourrait être un one man show dans un café théâtre quelconque. Eux ont choisi de chanter la beauf attitude et cela fonctionne plutôt bien.
Tantôt pop, tantôt reggae ("Petit rasta" celui "qui deviendra grand et aussi gland que ses parents") et toujours à la limite de la caricature, le groupe s'amuse et amuse son public. Cerise sur le gâteau, 2 de leurs compères arrivent sur scène travestis en lolitas peu farouches.
Dommage, personne n'a osé entamer une chenille dans le public… Hyperclean ne tarde pas à arriver sur scène et sans plus attendre le spectacle commence… en râlant contre le technicien du son qui leur envoie des retours monstrueusement forts là où il ne faut pas et ridiculement faibles ailleurs. Le spectacle commence parce qu'Hyperclean est hypershow !
Il s'avérera que ce petit jeu (fait de vrai et de faux) sera le fil rouge de ce concert, sorte de ponctuation entre les morceaux.
Après une intro en douceur de chœurs séraphins, Hyperclean entame son set avec "Sortez dehors" en annonçant qu'il est le groupe promotionnel d'un groupe qui porte le même nom que lui.
Ce titre quasi atmosphérique sur disque, premier album éponyme qui vient de sortir, laisse présager un live plus tendu et dynamique. Frédéric Jean, le chanteur semble survolté et commence déjà à descendre dans le public et serre quelques mains avec de grands yeux exorbités (émerveillés ? illuminés ??). Après cette mise en bouche, le groupe commence à se déchaîner. Si Ludovic Dulac aux claviers et Julien Gasc à la basse restent relativement sobres, Benjamin Gilbert s'en donne à cœur joie et fait grincer son instrument contre son ampli, plié en deux (pas l'ampli, le guitariste), Julien Barbagallo cogne férocement ses fûts tandis que le chanteur gesticule et bondit en tous sens !
En live, tout le rock sous-jacent dans l'album ressort comme un diablotin de sa boite. "Halo" devient un titre punk rock, "Prison" ou "Pistolet" gagnent en dynamisme et débordent d'énergie.
Les textes, en français, décalés et iconoclastes, revêtent un côté complètement surréalistes avec la scansion particulière du chanteur qui déclame, râle, crie les mots qui prennent une couleur parfois noire en décalage avec la musique. La scène mais aussi le public deviennent un terrain de jeu pour Frédéric Jean, front man charismatique ayant le sens de la scène, qui se livre à un vrai numéro de théâtre.
Il joue avec le public plutôt réceptif en général. Il fait danser certains, s'inquiète de la profession d'autres, dérobent en courrant quelques sacs et manteaux (qu'il rendra à la fin je vous rassure si vous croisez un jour leur chemin).
C'est un savant mélange de show et de spontanéité, arrosé d'une bonne dose de rock, qui fait le secret de Hyperclean en live. Un groupe atypique et relativement novateur, à l'aise dans sa musique comme sur scène, qui s'est déjà forgé une image. C'est très certainement la découverte de ce début d'année en matière de groupes français.
A voir autant qu'à entendre, ne les ratez pas ! |